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La voiture électrique en péril : la pénurie inattendue pour les constructeurs européens

Albert Lecoq

Alors que l’Europe s’oriente résolument vers un avenir automobile électrique, un défi majeur se profile à l’horizon pour les constructeurs européens : l’approvisionnement en métaux essentiels pour les batteries. Selon une analyse récente de Transport & Environment (T&E), une organisation basée à Bruxelles, les constructeurs automobiles européens n’ont sécurisé que moins d’un cinquième des quantités nécessaires de cobalt, de lithium et de nickel pour atteindre leurs objectifs de vente d’ici 2030. Cette situation pose un risque sérieux pour l’industrie automobile européenne, d’autant plus que la concurrence internationale, notamment Tesla et le chinois BYD, semble mieux positionnée dans cette course aux ressources.

La quête des métaux clés pour les batteries

Transport & Environment a évalué les contrats publics et classé les fabricants en fonction de leur chaîne d’approvisionnement en batteries. Cette évaluation prend en compte les matériaux bruts sécurisés, la production de cellules, et les pratiques responsables. Selon T&E, les constructeurs européens comme Volkswagen et Stellantis font des progrès, mais la plupart accusent un retard considérable.

L’Union Européenne prévoit d’interdire la vente de nouveaux véhicules à combustion interne d’ici 2035, rendant d’autant plus critique la nécessité de sécuriser les ressources pour les batteries des véhicules électriques.

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Les pratiques responsables et la chaîne d’approvisionnement

Tesla se distingue dans le classement global grâce à sa stratégie en matière de matières premières et de production de cellules. Cependant, l’entreprise américaine, ainsi que BYD, sont critiquées pour leurs pratiques moins responsables comparées à d’autres constructeurs. Volkswagen, en revanche, réalise de bonnes performances dans les trois catégories, suivie de près par BYD qui excelle dans l’approvisionnement en matières premières mais pèche sur le plan des pratiques responsables.

Les constructeurs comme Tesla, BYD, VW, Ford, Renault et Stellantis ont tous des contrats à long terme pour chacun des trois métaux clés, ou envisagent de modifier la chimie des batteries pour se passer de ces métaux. Mercedes a révélé un seul contrat pour un minerai essentiel, tandis que BMW, opposée à la suppression des véhicules à combustion interne par l’UE, n’a pas divulgué suffisamment d’informations sur ses plans futurs.

Les enjeux éthiques et environnementaux

Les constructeurs allemands comme BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen se distinguent par leurs pratiques d’approvisionnement responsables. Ces pratiques sont évaluées selon la traçabilité des matières premières, les processus à faible empreinte carbone, et le respect des droits de l’homme et des droits autochtones. Les fabricants européens semblent également en avance sur les Etats-Unis et la Chine en ce qui concerne l’épuration des chaînes d’approvisionnement des pratiques abusives.

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BYD, en revanche, n’a pas obtenu de score dans ce domaine, faute d’informations sur ses pratiques de sourcing durable. Cela souligne l’importance pour les consommateurs et les investisseurs de considérer non seulement l’efficacité des véhicules électriques, mais aussi l’éthique de leur production.

La résilience face aux chocs de la chaîne d’approvisionnement

Face à l’escalade des tensions commerciales entre l’UE et la Chine, la résilience des chaînes d’approvisionnement devient une métrique importante. Volkswagen, Stellantis et Mercedes-Benz se classent bien dans ce domaine. Ces entreprises, ainsi que Renault en France, sont les seuls constructeurs automobiles en Europe à soutenir des startups de l’UE dans les composants de batteries et le traitement des minéraux.

Cette situation devrait alerter les fabricants européens qui espèrent rester compétitifs à l’ère de la disparition progressive des moteurs à combustion. La demande en lithium devrait quadrupler d’ici 2030, avec une prévision de pénurie de lithium de 390 000 tonnes en 2030. Les projets miniers peuvent prendre au moins cinq ans avant de commencer la production à grande échelle, soulignant l’urgence pour les constructeurs de prendre des décisions d’investissement dès maintenant.

Alors que l’avenir des voitures électriques semble prometteur, les défis à relever en termes d’approvisionnement en métaux de batterie sont considérables. Les constructeurs automobiles européens doivent agir rapidement pour sécuriser ces ressources essentielles, tout en s’engageant dans des pratiques responsables et durables, afin de rester compétitifs dans un marché mondial en pleine évolution.

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