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Malus écologique : les voitures électriques n’y échapperont pas

Philippe Moureau

Aujourd’hui, délaissons un instant l’émotion des accélérations foudroyantes de nos fidèles destriers électriques pour plonger au cœur d’un sujet brûlant : le possible retournement de la fiscalité automobile qui pourrait frapper au portefeuille des adeptes de l’électrique dès 2025. Restez bien calés dans vos sièges ; nous allons aborder la question du malus appliqué aux voitures zéro émission.

La surprise du Sénat : les électriques dans le viseur fiscal

Avec un art de la discrétion bien rodé, le Sénat a introduit une modification qui pourrait bien secouer le monde paisible des véhicules électriques. En scrutant le Projet de Loi de Finances 2024, nos sénateurs ont mis en lumière un amendement assez piquant : l’idée d’inclure nos chères émissaires de la propreté dans le barème du malus au poids dès l’aube de 2025. À ce jour, seuls les hybrides rechargeables étaient concernés par cette mesure, mais les choses risquent de se corser.

  • Le malus au poids, c’est quoi ? : Une sorte d’épée de Damoclès prête à s’abattre sur les véhicules dépassant un certain poids, jugés responsables de davantage d’émissions de particules fines, notamment dues au freinage. Leur poids supplémentaire grève également la consommation de matières premières pour leur fabrication.
  • Les électriques, nouvelles cibles ? : L’amendement propose un seuil de 1,9 tonne touchant près de 27 % des véhicules électriques neufs vendus en France, selon des études basées sur les données d’immatriculation.
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Mais que les conducteurs de Renault Zoe et autres citadines électriques respirent : l’amendement prévoit un généreux abattement de 300 kg pour les véhicules exclusivement électriques, soit une exemption pour ceux pesant jusqu’à 1600 kg.

Les poids lourds de l’électrique dans la tourmente

Ne soyons pas dupes : si votre véhicule électrique arbore une carrure de déménageur, il pourrait bientôt être taxé. Et voici comment l’histoire pourrait se dérouler :

  • Un barème de taxe progressif : semblable à celui imposé aux voitures thermiques et hybrides, le malus s’appliquerait graduellement en fonction du poids, au-delà du seuil fatidique de 1,9 tonne.
  • Le cas des SUV électriques : Avec un marché qui a vu sa part d’e-SUV passer de 6 % à 30 % depuis 2017, ces mastodontes pourraient se voir pénalisés pour leur empreinte écologique notamment plus lourde lors de la fabrication.

Toutefois, rassurez-vous, il y a un “mais” : les véhicules de conception française ou montés sur le territoire sembleraient échapper largement à la sanction, l’industrie tricolore ayant pris soin de maintenir ses conceptions sous la barre des 1,6 tonne… du moins pour les citadines. Les derniers Renault Scenic et Peugeot e-3008 pèsent alégrement plus de 1 800 kg dans leur version d’accès.

Un coup dur pour l’industrie et les utilisateurs ?

Alors, devrions-nous y voir une initiative louable pour lutter contre la pollution ou un coup porté à la démocratisation de l’électrique ? C’est un vrai dilemme. D’un côté, nous avons une volonté de préserver notre air, et de l’autre, une mesure qui pourrait ralentir l’adoption de véhicules réputés plus propres à l’usage. À l’évidence, le débat est posé.

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Il va sans dire que cette proposition législative doit encore s’acquitter d’un parcours législatif semé d’embûches avant de voir le jour. Son adoption n’est pas garantie, tant les résistances peuvent être vives et les débats houleux.

L’horizon 2025 : quel futur pour le marché électrique ?

Jetons un coup d’œil à ce qui nous attend au-delà de nos rétroviseurs :

  • La voiture électrique, victime de son propre succès ? : En prenant du poids avec des modèles toujours plus grands et performants, elle pourrait se heurter à une réglementation fiscale moins clémente.
  • L’hydrogène en embuscade : Curieusement épargnée par l’amendement, la technologie hydrogène pourrait-elle tirer son épingle du jeu et s’offrir une part de marché jusqu’ici dédiée à l’électrique ?

C’est un tournant qui se profile, imposant aux constructeurs et aux consommateurs une réflexion nécessaire sur le futur de la mobilité. Restons branchés pour voir comment continuer d’avancer sans alourdir ni la balance écologique ni celle de notre porte-monnaie.

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