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Voitures à hydrogène : le marché s’effondre malgré quelques lueurs d’espoir

Albert Lecoq

L’univers de la mobilité électrique connaît des bouleversements constants. Si les voitures à batterie gagnent du terrain, leurs cousines à pile à combustible peinent à s’imposer. Plongeons dans les chiffres révélateurs du premier semestre 2024 pour comprendre les enjeux de cette technologie prometteuse mais controversée.

Un marché en chute libre

Les chiffres sont sans appel : les immatriculations de véhicules électriques à pile à combustible ont chuté de 34,1% dans le monde au premier semestre 2024. Avec seulement 5 621 unités vendues contre 8 524 sur la même période en 2023, le secteur traverse une crise profonde.

Cette baisse spectaculaire s’explique par plusieurs facteurs :

  • Le manque d’infrastructures de recharge en hydrogène
  • Le coût élevé de l’hydrogène vert
  • L’amélioration constante de l’autonomie des voitures électriques à batterie
  • Des problèmes techniques récurrents sur certains modèles

Les deux principaux acteurs du marché, Hyundai et Toyota, subissent de plein fouet cette désaffection. Le constructeur coréen voit ses ventes chuter de 42,6% avec son SUV Nexo et son autobus Elec City. Toyota n’est pas en reste avec une baisse de 44,9% pour ses modèles Mirai et Crown.

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La Chine tire son épingle du jeu

Dans ce marasme général, la Chine fait figure d’exception. Certes, le pays enregistre une baisse de 16,5% des immatriculations, mais sa part de marché progresse nettement. Elle passe de 35,1% à 44,5% du marché mondial, profitant notamment du recul spectaculaire de la Corée du Sud.

Ce relatif succès s’explique par la présence de nombreux véhicules utilitaires à hydrogène sur le marché chinois. Bien que leurs ventes aient également diminué (-17,3%), ils représentent toujours une part importante du secteur avec 2 478 unités écoulées.

Le constructeur Haima fait également une timide entrée sur le marché avec son monospace 7X-H, équipé d’une pile à combustible fournie par Toyota. Avec 23 exemplaires vendus, c’est un début modeste mais qui témoigne de l’intérêt persistant des constructeurs chinois pour cette technologie.

L’Europe et le Japon, lueurs d’espoir dans un tableau sombre

Contre toute attente, deux zones géographiques tirent leur épingle du jeu : l’Europe et le Japon. Sur le Vieux Continent, les immatriculations progressent de 21,5% pour atteindre 594 unités. Cette hausse est principalement portée par la Toyota Mirai, qui représente la quasi-totalité des ventes avec 578 exemplaires.

Le Japon connaît une progression encore plus spectaculaire avec une hausse de 117,8% des immatriculations. Ce bond s’explique par l’introduction de la Toyota Crown à hydrogène, qui a séduit 384 acheteurs au premier semestre. Son empattement plus long et son tarif plus abordable que la Mirai expliquent ce succès relatif.

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Ces chiffres encourageants doivent cependant être nuancés. Avec respectivement 10,6% et 7,8% de parts de marché mondial, l’Europe et le Japon restent des acteurs mineurs face à la Chine.

Les États-Unis, symbole d’un désintérêt croissant

Si certains pays résistent, d’autres subissent un véritable effondrement. C’est le cas des États-Unis, où les ventes de voitures à hydrogène ont chuté de 82,4%. Avec seulement 322 immatriculations contre 1 825 l’année précédente, le marché américain est au plus bas.

Plusieurs facteurs expliquent ce désastre :

  • L’amélioration constante de l’autonomie des voitures électriques à batterie
  • Le prix élevé de l’hydrogène
  • La difficulté à effectuer le plein dans un réseau de stations insuffisant
  • L’abandon par Shell de son projet de déploiement de stations en Californie

La situation est telle qu’un recours collectif a été déposé contre Toyota par des propriétaires de Mirai, se plaignant de problèmes récurrents lors du remplissage des réservoirs. Dans ce contexte, il paraît difficile d’envisager un rebond rapide du marché américain.

Perspectives d’avenir : entre espoir et incertitudes

Malgré ces chiffres alarmants, certains acteurs continuent de croire au potentiel de l’hydrogène. En Europe, le constructeur polonais Solaris a enregistré des commandes pour plus de 160 bus à hydrogène à livrer dès le prochain semestre, notamment en Allemagne.

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Ces commandes laissent entrevoir une possible progression du marché des véhicules lourds à hydrogène. Cependant, il est encore trop tôt pour parler de tendance durable.

L’avenir de la mobilité hydrogène dépendra de plusieurs facteurs clés :

Facteurs favorablesFreins potentiels
Développement des infrastructures de rechargeCoût élevé de l’hydrogène vert
Baisse du prix des piles à combustibleConcurrence des voitures électriques à batterie
Soutien des pouvoirs publicsManque de confiance des consommateurs
Innovations technologiquesDifficultés techniques persistantes

Face à ces défis, l’industrie de l’hydrogène devra redoubler d’efforts pour convaincre les consommateurs et les pouvoirs publics de son potentiel. L’amélioration des infrastructures, la baisse des coûts et la résolution des problèmes techniques seront essentielles pour relancer un marché en perte de vitesse.

Le chemin vers une mobilité hydrogène de masse semble encore long et semé d’embûches. Néanmoins, les progrès réalisés dans certains pays et l’intérêt persistant de plusieurs constructeurs laissent penser que cette technologie n’a pas dit son dernier mot. L’avenir nous dira si l’hydrogène parviendra à s’imposer comme une alternative crédible aux voitures électriques à batterie ou si elle restera cantonnée à des niches spécifiques comme les véhicules lourds ou les transports en commun.

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