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La nouvelle tendance auto : ces voitures électriques qui roulent aussi à l’essence

Philippe Moureau

Les constructeurs automobiles misent de plus en plus sur les véhicules électriques à prolongateur d’autonomie (EREV). Cette technologie semble offrir le meilleur des deux mondes : une conduite 100% électrique au quotidien, avec la possibilité d’utiliser un moteur thermique pour les longs trajets. Mais est-ce vraiment la solution idéale ?

Qu’est-ce qu’un véhicule électrique à prolongateur d’autonomie ?

Un EREV est avant tout une voiture électrique équipée d’une batterie rechargeable sur secteur. La particularité réside dans l’ajout d’un petit moteur thermique qui sert uniquement de générateur pour recharger la batterie en cours de route. Contrairement à un véhicule hybride classique, le moteur thermique n’est pas relié mécaniquement aux roues.

Cette configuration offre plusieurs avantages :

  • Une autonomie totale supérieure à 500 km en combinant l’électrique et le thermique
  • La possibilité de rouler en mode 100% électrique sur des distances de 150 à 200 km
  • Un temps de recharge rapide grâce au plein d’essence
  • Une transition en douceur vers l’électrique pour les conducteurs encore réticents
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Les nouveaux EREV qui arrivent sur le marché

Plusieurs constructeurs misent sur cette technologie pour leurs futurs modèles :

Scout Motors, filiale de Volkswagen, a créé la surprise en annonçant une option “Harvester” pour ses futurs SUV Terra et Traveler. Cette option ajoute un moteur thermique pour porter l’autonomie totale à plus de 800 km, contre 560 km pour la version 100% électrique.

Ram n’est pas en reste avec son pickup 1500 Ramcharger prévu pour 2025. Ce modèle combine un moteur électrique de 654 ch à un V6 essence de 3,6L jouant le rôle de générateur. L’autonomie annoncée dépasse les 800 km.

D’autres constructeurs comme Hyundai prévoient également de lancer des EREV dans les prochaines années. Cette technologie semble particulièrement adaptée aux gros véhicules comme les SUV et les pickups, très populaires aux États-Unis.

Les avantages pour les constructeurs

Pour les marques automobiles, les EREV présentent plusieurs intérêts stratégiques :

  • Utiliser des plateformes 100% électriques sans compromis sur l’autonomie
  • Rassurer les clients encore frileux vis-à-vis de l’électrique
  • Préparer la transition vers le tout électrique en douceur
  • Répondre aux nouvelles réglementations sur les émissions

À terme, les constructeurs pourront facilement supprimer le moteur thermique de leurs EREV une fois que les batteries offriront une autonomie suffisante et que le réseau de recharge sera plus développé.

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Le talon d’Achille des EREV : le comportement des utilisateurs

Si sur le papier les EREV semblent la solution idéale, un problème majeur se pose : les conducteurs vont-ils vraiment les recharger régulièrement ? L’expérience des véhicules hybrides rechargeables (PHEV) montre que de nombreux propriétaires ne les branchent jamais ou très rarement.

Malheureusement, les constructeurs refusent de communiquer des données précises sur l’utilisation réelle des PHEV par leurs clients. On peut donc légitimement se demander si les futurs propriétaires d’EREV auront le réflexe de brancher quotidiennement leur véhicule.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce comportement :

  • La facilité et la rapidité du plein d’essence par rapport à une recharge
  • Le manque d’infrastructures de recharge à domicile ou sur le lieu de travail
  • La méconnaissance du fonctionnement optimal d’un véhicule rechargeable
  • Les habitudes ancrées liées à l’utilisation d’un véhicule thermique

Des précédents peu encourageants

Les rares EREV commercialisés par le passé n’ont pas connu un grand succès commercial. La Chevrolet Volt, considérée comme pionnière du genre, a été arrêtée en 2019 malgré l’enthousiasme de ses propriétaires. Ces derniers parcouraient entre 63% et 80% de leurs trajets en mode électrique.

La BMW i3 avec son option prolongateur d’autonomie Rex n’a pas non plus convaincu les acheteurs. Son réservoir d’essence limité à 9 litres n’offrait que 150 km d’autonomie supplémentaire, rendant les longs trajets peu pratiques.

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Ces exemples montrent la difficulté à trouver le bon compromis entre autonomie électrique, taille de la batterie et puissance du moteur thermique pour séduire un large public.

Quelle réglementation pour encadrer les EREV ?

Face aux interrogations sur l’utilisation réelle des EREV, certains appellent à une réglementation plus stricte. L’idée serait d’obliger les constructeurs à fournir des données précises sur le pourcentage de kilomètres parcourus en mode électrique par leurs clients.

Cette transparence permettrait de vérifier si les EREV contribuent réellement à la réduction des émissions de CO2 ou s’ils servent uniquement à contourner les normes antipollution de plus en plus sévères.

En attendant une éventuelle évolution de la législation, il est crucial que les constructeurs et les concessionnaires forment correctement les acheteurs à l’utilisation optimale de leur EREV. Sans cela, ces véhicules risquent de rouler majoritairement à l’essence, annulant leurs bénéfices environnementaux.

Les voitures électriques à prolongateur d’autonomie représentent une technologie de transition intéressante. Leur succès dépendra avant tout du comportement des utilisateurs et de leur volonté de les recharger régulièrement. Reste à voir si cette solution technique complexe saura convaincre le grand public ou si elle restera une parenthèse dans l’histoire de l’automobile.

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