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Les constructeurs chinois trichent-ils pour vendre leurs voitures électriques en Europe ?

Philippe Moureau

Les constructeurs chinois ont réalisé un tour de force en Europe, s’emparant de 11% du marché des voitures électriques en juin 2024. Cette performance impressionnante intervient juste avant l’entrée en vigueur de nouvelles taxes douanières qui risquent de rebattre les cartes. Plongeons dans les coulisses de ce succès à durée limitée.

Un boom des ventes inattendu

Contre toute attente, les marques chinoises ont enregistré des chiffres de vente record en Europe. En juin 2024, pas moins de 23 000 véhicules électriques d’origine chinoise ont été immatriculés sur le Vieux Continent. Cette hausse spectaculaire s’explique par une ruée des clients et des concessionnaires, cherchant à devancer l’augmentation des tarifs liée aux nouvelles taxes douanières.

Parmi les constructeurs ayant particulièrement tiré leur épingle du jeu, MG se démarque avec sa populaire MG4. La marque a écoulé 13 366 voitures électriques en Europe, surclassant largement ses concurrents comme BYD (3 958 unités) ou Great Wall (563 unités).

Une stratégie astucieuse mais éphémère

Ce succès apparent cache une réalité plus nuancée. En effet, 40% des voitures immatriculées en juin n’ont pas été commandées par des clients, mais par MG lui-même. Cette manœuvre habile vise à :

  • Constituer un stock de véhicules avant la hausse des taxes
  • Maintenir des prix attractifs pour les clients sans rogner sur les marges
  • Conserver un avantage concurrentiel à court terme
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Grâce à cette stratégie, MG peut annoncer que le tarif de sa MG4 restera inchangé au moins jusqu’en octobre 2024. Une aubaine pour les consommateurs, mais une situation qui ne pourra perdurer face à l’augmentation des droits de douane allant jusqu’à 38% pour certaines marques.

L’impact des nouvelles taxes douanières

La Commission Européenne, accusant les constructeurs chinois de concurrence déloyale, a mis en place des mesures visant à rééquilibrer le marché. Les droits de douane sur les voitures électriques produites en Chine vont ainsi considérablement augmenter, avec des taux variant selon la coopération des marques durant l’enquête :

ConstructeurTaux de taxe
BYD17%
SAIC Motor (MG)38%

Ces nouvelles taxes vont inévitablement pousser les constructeurs à revoir leurs tarifs à la hausse pour préserver leurs marges. La question est de savoir dans quelle mesure cette augmentation affectera la compétitivité des marques chinoises face aux constructeurs européens.

L’Italie, nouveau terrain de jeu des électriques

Fait marquant, l’Italie a connu une explosion des ventes de voitures électriques en juin 2024. Le pays, traditionnellement réticent aux véhicules à batterie, a vu ses ventes doubler (+117%) par rapport à l’année précédente. Cette hausse s’explique par l’introduction d’un généreux bonus écologique :

  • 200 millions d’euros de subventions épuisés en moins de 9 heures
  • 60% des aides allouées aux particuliers
  • 40% destinées aux entreprises
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Cette croissance fulgurante propulse l’Italie dans le top 6 des pays européens en termes de ventes de voitures électriques, une première historique.

Vers une production locale ?

Face à ces nouvelles taxes, les constructeurs chinois pourraient envisager de produire directement en Europe pour contourner les droits de douane. L’Italie semble particulièrement intéressée par cette perspective. La Première ministre Giorgia Meloni se rend d’ailleurs en Chine cette semaine pour tenter d’attirer les investissements des constructeurs asiatiques.

Cette stratégie pourrait permettre aux marques chinoises de conserver leur compétitivité tout en créant des emplois en Europe. Reste à voir si les coûts de production sur le Vieux Continent permettront de maintenir des tarifs aussi attractifs qu’actuellement.

L’avenir des voitures électriques chinoises en Europe s’annonce donc incertain. Si leur succès actuel est indéniable, les nouvelles taxes douanières et l’évolution du marché vont les obliger à repenser leur stratégie. Entre production locale, innovation technologique et ajustements tarifaires, les constructeurs chinois devront faire preuve d’agilité pour maintenir leur position sur un marché européen de plus en plus concurrentiel.

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