Vous avez sûrement entendu dire que le marché des voitures électriques était en perte de vitesse. Que les consommateurs préféraient les hybrides. Que la révolution électrique s’essoufflait. Mais qu’en est-il réellement ? Plongeons dans les chiffres et les faits pour démêler le vrai du faux sur ce sujet brûlant.
Un ralentissement ? Pas si vite !
Commençons par tordre le cou à une idée reçue tenace : non, les ventes de voitures électriques ne sont pas en train de s’effondrer. Bien au contraire ! Même si la croissance a légèrement ralenti par rapport aux années précédentes, le marché continue de progresser à un rythme soutenu.
Rien qu’en France : au premier semestre 2024, les ventes de véhicules électriques ont atteint une part de marché de 17,3%. C’est 1,5% de plus que la moyenne européenne et plus que la presque totalité des autres pays d’Europe. En 2023, celle-ci était déjà élevée par rapport à la moyenne avec 16,8%. Ainsi, il se vend depuis le début de l’année en France plus de voitures électriques que l’année précédente.
Certes, cette progression est moins spectaculaire qu’entre 2022 et 2023 et que les autres années précédentes. Mais c’est logique : le marché arrive à maturité et le vivier des premiers adopteurs s’épuise peu à peu. Les constructeurs doivent maintenant convaincre des acheteurs plus réticents, plus sensibles aux prix et moins technophiles. Un défi de taille, mais pas insurmontable.
Alors, d’où vient cette impression de ralentissement ? En partie d’une interprétation biaisée des chiffres. Certains médias comparent par exemple les ventes du premier trimestre 2024 à celles du dernier trimestre 2023. Or, dans l’automobile, il se reproduit chaque année le même schéma : le premier trimestre de la nouvelle année est toujours plus faible que le quatrième de l’année précédente, période des soldes de fin d’année et des réductions afin de gonfler les chiffres de ventes de l’année. C’est comme s’étonner que les ventes de glaces baissent en hiver !
Mais il y a peut-être plus grave. Selon Jon McNeil, ancien président de Tesla et actuel membre du conseil d’administration de General Motors, cette désinformation serait orchestrée par des lobbys ayant intérêt à freiner l’essor des voitures électriques :
“Ce que nous lisons sont des dynamiques à court terme, mais elles sont déformées à des fins politiques par des gens qui ont des intérêts dans les énergies fossiles”
Une accusation grave, qui pointe du doigt des géants de l’industrie pétrolière. Sans preuves formelles, il est difficile d’aller plus loin. Mais force est de constater que certains acteurs ont beaucoup à perdre dans la transition vers l’électrique.
Les vrais défis du marché électrique
Soyons clairs : le marché des voitures électriques n’est pas exempt de difficultés. Parmi les principaux obstacles à surmonter :
Le prix d’achat, encore élevé pour un grand nombre de personnes malgré les aides gouvernementales
L’autonomie, source d’anxiété pour de nombreux conducteurs bien que cela ne soit plus entièrement justifié
Le réseau de recharge, en cours de développement mais encore jugé insuffisant dans certains coins reculés
La résistance au changement de certains consommateurs
Les constructeurs en sont conscients et multiplient les efforts pour lever ces freins. Prenons l’exemple de l’autonomie : la nouvelle Lucid Air promet plus de 800 km sur une seule charge. De quoi rassurer même les plus inquiets !
Côté prix, la tendance est également à la baisse. Entre les réductions récentes sur le ToyotabZ4X, le HyundaiKona et KiaNiro EV sans oublier la Tesla Model Y, fer de lance du segment, qui s’affiche à partir de 36 990 € en France réductions et bonus déduit. C’est encore élevé, mais bien loin des tarifs stratosphériques des débuts, surtout pour une voiture de près de 300 chevaux et qui dispose de plus de 450 km d’autonomie.
L’inertie du moteur thermique, un adversaire coriace
N’oublions pas que les voitures électriques affrontent un concurrent redoutable : le moteur thermique. Avec plus d’un siècle d’existence, cette technologie bénéficie d’une inertie considérable et de la confiance et des habitudes de l’immense majorité de la population.
Pensez-y : toute la chaîne d’approvisionnement, de production et de distribution est optimisée pour les véhicules essence et diesel. Les réseaux de concessionnaires aussi. Sans parler de l’industrie pétrolière, qui a tout intérêt à freiner la transition.
Face à cette machine bien huilée, l’électrique part avec un handicap certain. Mais son avantage écologique pourrait bien faire la différence à long terme.
Car au-delà des chiffres de vente, n’oublions pas l’essentiel : l’urgence climatique. Les effets du réchauffement se font déjà sentir, avec des records de chaleur battus chaque année. Dans ce contexte, la transition vers l’électrique n’est plus une option, mais une nécessité. Certes, passer à l’électrique ne résoudra pas tous les problèmes du jour au lendemain. Mais c’est actuellement la meilleure solution pour réduire rapidement nos émissions de CO2 liées aux transports, en espérant trouver une solution encore meilleure pour l’avenir.
Les voitures électriques ont donc encore de beaux jours devant elles. Loin d’être en perte de vitesse, le marché continue sa progression, porté par l’urgence climatique et les avancées technologiques. Les obstacles sont réels, mais pas insurmontables.
Alors la prochaine fois que vous entendrez parler d’un “ralentissement” du marché électrique, gardez un œil critique. Derrière ces affirmations se cachent parfois des intérêts bien éloignés de la protection de l’environnement. À vous de faire la part des choses et, qui sait, peut-être de franchir le pas vers l’électrique ?
Rédigé par Philippe Moureau
Quadragénaire passionné de voitures électriques. Je m'intéresse à la transition énergétique et à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Je suis un véritable passionné de voitures électriques et un défenseur de l'environnement.
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