Stellantis va distribuer une marque chinoise méconnue en Europe
Les alliances stratégiques se multiplient entre constructeurs de différentes envergures, et le récent accord entre le constructeur chinois Leapmotor et […]
Sommaire
Le paysage de l’industrie automobile est en pleine mutation. Au cœur de cette transformation se trouve un acteur majeur : la Chine. En prenant le contrôle de la chaîne d’approvisionnement des batteries pour véhicules électriques, l’Empire du Milieu redéfinit les règles du jeu énergétique mondial. Plongeons dans les dessous de cette stratégie audacieuse et ses implications pour l’avenir de la mobilité électrique.
Il y a peu, le monde s’alarmait d’une pénurie de lithium et de cobalt, composants essentiels des batteries lithium-ion. Aujourd’hui, c’est leur surabondance qui fait la une. Cette volte-face spectaculaire est l’œuvre d’une Chine déterminée à dominer le marché.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
Cette baisse drastique s’explique par les investissements massifs de la Chine dans la production et le recyclage de ces matériaux stratégiques. En inondant le marché, Pékin a littéralement fait s’effondrer les cours mondiaux.
Contrairement aux idées reçues, la Chine n’extrait pas ces minerais sur son territoire. Sa stratégie est bien plus subtile et repose sur trois piliers : acheter, transformer, dominer.
Le pays s’approvisionne en lithium aux quatre coins du globe – Australie, Chili, Bolivie, Argentine – pour ensuite le transformer dans ses usines ultramodernes. Quant au cobalt, il provient principalement de République démocratique du Congo, où des entreprises chinoises comme le groupe CMOC ont massivement investi.
Cette approche a permis une augmentation phénoménale de la production. En République démocratique du Congo, par exemple, la production de cobalt est passée de 15 000 tonnes à plus de 100 000 tonnes annuelles en seulement cinq ans. Une croissance qui rappelle la stratégie déjà employée par la Chine pour dominer le marché du silicium et des panneaux solaires.
Cette nouvelle donne bouleverse complètement l’équation énergétique mondiale. À première vue, la chute des prix pourrait accélérer l’adoption des voitures électriques et le déploiement de grands systèmes de stockage d’énergie renouvelable. Une aubaine pour la transition énergétique, direz-vous ?
Pas si vite. Si ces prix cassés font le bonheur des constructeurs automobiles et des consommateurs à court terme, ils posent de sérieux problèmes à long terme.
Les sociétés minières hors de Chine peinent à rester compétitives, ce qui décourage les investissements dans de nouvelles sources d’approvisionnement. Résultat ? La dépendance envers la Chine se renforce. On estime que d’ici 2025, le pays pourrait contrôler un tiers de la production mondiale de lithium. Une perspective qui fait froid dans le dos de nombreux observateurs.
Ironiquement, cette abondance de matières premières à bas prix pourrait freiner l’innovation. Alors que les prix élevés avaient poussé les industriels à chercher des alternatives plus durables, le retour du cobalt bon marché pourrait les inciter à s’en contenter, au détriment de solutions potentiellement plus écologiques.
Prenons l’exemple des batteries au sodium, qui n’utilisent pas de lithium. Deux modèles sont actuellement en préparation en Chine. Mais avec la chute du prix du lithium, l’incitation à développer ces alternatives pourrait s’amenuiser.
Pour les constructeurs automobiles, cette baisse des coûts des matières premières est une aubaine. Elle pourrait permettre de réduire significativement le prix des véhicules électriques, les rendant plus accessibles au grand public.
Actuellement, pour certains modèles, la batterie représente à elle seule 40% du prix total du véhicule. Une réduction substantielle du coût des batteries pourrait donc avoir un impact majeur sur le prix final des voitures électriques.
Cependant, cette situation soulève également des questions sur la dépendance des constructeurs vis-à-vis de la Chine. Que se passerait-il si Pékin décidait soudainement de restreindre ses exportations ou d’augmenter ses prix ?
La mainmise de la Chine sur la chaîne d’approvisionnement des batteries redessine la carte du pouvoir énergétique mondial. Alors que le pétrole a longtemps été au cœur des enjeux géopolitiques, ce sont désormais le lithium et le cobalt qui cristallisent les tensions.
Cette situation n’est pas sans rappeler la domination de l’OPEP sur le marché pétrolier. Mais contrairement au pétrole, concentré dans quelques pays, les ressources en lithium et en cobalt sont plus dispersées géographiquement. C’est la maîtrise de la chaîne de transformation qui donne à la Chine son avantage décisif.
Face à cette situation, les autres puissances ne restent pas les bras croisés. L’Union européenne et les États-Unis cherchent à développer leurs propres filières de production et de recyclage de batteries. Mais rattraper l’avance chinoise s’annonce comme un défi de taille.
En fin de compte, la stratégie chinoise dans le domaine des batteries pour véhicules électriques est à double tranchant. D’un côté, elle accélère la transition vers une mobilité plus propre en rendant les voitures électriques plus abordables. De l’autre, elle crée une dépendance potentiellement dangereuse envers un seul pays.
L’avenir de la mobilité électrique se jouera donc autant dans les laboratoires et les usines que dans les chancelleries. Une chose est sûre : la bataille des batteries ne fait que commencer.
Réagissez à l'article