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L’Association allemande de l’industrie automobile (VDA) vient de déposer une proposition qui fait grincer des dents à Bruxelles. Son objectif ? Assouplir l’interdiction des ventes de voitures thermiques prévue pour 2035 en autorisant jusqu’à 10 % de véhicules à combustion sur le marché européen. Derrière cette manœuvre se cache un argument stratégique : préserver le dernier domaine où l’Europe domine encore face aux constructeurs chinois. Une tactique défensive qui divise autant qu’elle interroge sur l’avenir de l’industrie automobile européenne.
Depuis le vote historique de 2022, l’Europe s’est engagée dans une trajectoire claire vers l’électrification massive de son parc automobile. Cette décision, pierre angulaire du Green Deal européen, prévoit une réduction de 100 % des émissions de CO2 pour les véhicules neufs à partir de 2035. Mais l’Allemagne, berceau historique de l’automobile, refuse de baisser les armes.
La VDA propose désormais une réduction de 90 % des émissions plutôt qu’un abandon total du moteur thermique. Cette nuance de dix points pourcentuels cache en réalité un enjeu colossal : maintenir en vie une technologie maîtrisée depuis plus d’un siècle par les ingénieurs européens. L’argument environnemental cède ici la place à une logique purement industrielle, où chaque dixième de pourcentage représente des milliers d’emplois et des milliards d’euros d’investissements.
L’argument avancé par le lobby allemand révèle une inquiétude profonde : les constructeurs chinois comme BYD, CATL ou Nio dominent déjà les technologies des batteries et proposent des véhicules électriques à des prix défiant toute concurrence. Face à cette montée en puissance, les moteurs thermiques représenteraient le dernier terrain où l’expertise européenne conserve une avance technologique significative.
Cette stratégie défensive ne fait pourtant pas l’unanimité, même au sein de l’industrie automobile. Volvo, malgré son rachat par le groupe chinois Geely, s’oppose fermement à cet assouplissement. La marque suédoise considère que maintenir des “zones grises réglementaires” nuirait à la clarté nécessaire pour planifier les investissements futurs. Une position qui illustre le clivage croissant entre les constructeurs qui misent tout sur l’électrique et ceux qui tentent de préserver leurs acquis thermiques.
Transport & Environment, organisation spécialisée dans l’analyse des politiques de transport, a chiffré les conséquences de la proposition allemande. Selon leurs calculs, autoriser 10 % de véhicules thermiques après 2035 générerait jusqu’à 1,4 milliard de tonnes de CO2 supplémentaires d’ici 2050, soit une augmentation de 31 % par rapport aux objectifs initiaux.
Ces chiffres prennent en compte l’ensemble du cycle de vie des véhicules, incluant la production, l’usage et le recyclage. Julia Poliscanova, responsable de la mobilité chez T&E, qualifie cette tentative d’“opération de lobbying” destinée à retarder une transition devenue inévitable. L’organisation pointe également du doigt les carburants synthétiques et biocarburants, présentés comme solutions miracle par la VDA, mais dont le rendement énergétique reste trois fois inférieur à l’électrique direct.
Le lobby allemand mise beaucoup sur les carburants synthétiques (e-fuels) pour justifier le maintien de moteurs thermiques. Ces carburants, produits à partir d’hydrogène vert et de CO2 capturé, promettent théoriquement une neutralité carbone. Mais leur coût de production, estimé entre 4 et 7 euros le litre, et leur disponibilité limitée en font pour l’instant une solution de niche.
Michael Bloss, eurodéputé écologiste allemand, dénonce ces “astuces douteuses” qui risqueraient de piéger les consommateurs avec des promesses technologiques non tenues. Les biocarburants de nouvelle génération souffrent des mêmes limitations : production insuffisante, concurrence avec les usages alimentaires et bilan carbone contesté selon les filières utilisées.
| Type de carburant | Coût estimé (€/litre) | Disponibilité 2030 | Réduction CO2 |
|---|---|---|---|
| Essence traditionnelle | 1,50-1,80 | Illimitée | 0 % |
| E-fuels | 4,00-7,00 | Très limitée | 85-90 % |
| Biocarburants avancés | 2,00-3,50 | Limitée | 60-80 % |
| Électricité (équivalent) | 0,30-0,50 | Croissante | 95-100 % |
Au-delà des considérations environnementales, la proposition de la VDA soulève une question fondamentale : comment préserver l’industrie automobile européenne face à la domination technologique chinoise sur l’électrique ? Les constructeurs asiatiques bénéficient d’un écosystème industriel intégré, de coûts de production avantageux et d’un marché domestique de 28 millions de véhicules annuels pour amortir leurs investissements.
Cette stratégie défensive pourrait néanmoins s’avérer contre-productive. En ralentissant la transition, l’Europe risque de retarder ses investissements dans les technologies de batteries, le recyclage des matériaux critiques et les plateformes logicielles embarquées. Ces domaines détermineront pourtant la compétitivité automobile des prochaines décennies, bien plus que la maîtrise des moteurs à combustion.
La bataille réglementaire initiée par l’Allemagne révèle finalement un dilemme plus profond : faut-il sacrifier les objectifs climatiques européens pour préserver temporairement une industrie en mutation ? La réponse des institutions européennes, attendue dans les prochains mois, orientera durablement l’avenir de la mobilité sur le continent. Une chose semble certaine : le temps joue contre ceux qui misent encore sur le passé thermique plutôt que sur l’innovation électrique.
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