L’industrie automobile européenne s’apprête à accueillir un nouveau concurrent de taille. Stellantis, le géant automobile né de la fusion entre PSA et FCA, vient d’orchestrer l’arrivée des premiers modèles électriques de la marque chinoise Leapmotor sur le Vieux Continent. Une manœuvre stratégique qui pourrait bien bouleverser le paysage de la mobilité électrique en Europe.
Un partenariat ambitieux entre Stellantis et Leapmotor
Au printemps dernier, la Chine a donné son feu vert à la création de Leapmotor International, une coentreprise détenue à 51% par Stellantis et à 49% par Leapmotor. Cette alliance stratégique offre à Stellantis l’exclusivité de l’exportation des véhicules électriques de la marque chinoise, et ouvre même la possibilité de les produire en Europe.
Le 30 juillet 2024 marque un tournant décisif avec l’arrivée du premier lot de véhicules Leapmotor sur le sol européen. Bien que le nombre exact de véhicules et leurs destinations précises n’aient pas été dévoilés, les images diffusées laissent entrevoir un contingent d’environ 162 véhicules, comprenant la citadine T03 et le SUV C10.
Carlos Tavares, PDG de Stellantis, n’a pas manqué de souligner l’importance de cet événement, le qualifiant de “moment historique dans le partenariat”. Il a également mis en avant la volonté du groupe d’offrir des “solutions de mobilité innovantes, abordables et durables” aux consommateurs européens.
Leapmotor ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. La marque prévoit une expansion rapide de son réseau de distribution en Europe :
200 points de vente d’ici la fin de l’année 2024
500 points de vente à l’horizon 2026
Cette stratégie agressive vise à garantir un service de qualité aux futurs clients européens de la marque. Dans un premier temps, les véhicules Leapmotor seront commercialisés dans neuf pays européens dès la fin de l’été 2024. Par la suite, la marque ambitionne de s’étendre au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie-Pacifique et en Amérique du Sud.
Carlos Tavares se montre particulièrement confiant quant à l’accueil que réserveront les consommateurs européens aux modèles Leapmotor. Cette assurance contraste avec sa position plus nuancée sur l’électrification du parc automobile européen, illustrant la complexité des enjeux auxquels font face les constructeurs traditionnels.
Leapmotor : un acteur majeur de l’électromobilité chinoise
Si le nom de Leapmotor ne vous dit peut-être rien, sachez que la marque s’est imposée comme un acteur incontournable de l’électromobilité en Chine. Elle occupe actuellement la quatrième place en volume des ventes parmi les startups chinoises spécialisées dans les véhicules à énergie nouvelle sur leur marché domestique.
Depuis son lancement, Leapmotor a mis sur les routes chinoises plus de 400 000 véhicules électriques, un chiffre impressionnant qui témoigne de la maturité et de l’expertise acquise par la marque. Cette expérience solide sur le marché le plus dynamique au monde en matière d’électromobilité pourrait s’avérer un atout majeur pour conquérir les consommateurs européens.
La stratégie de Leapmotor International est claire : “transformer le paysage de la mobilité électrique en Europe et au-delà”. Pour y parvenir, la marque prévoit d’introduire au moins un nouveau modèle par an au cours des trois prochaines années, enrichissant ainsi progressivement son offre sur le marché européen.
Un défi pour l’industrie automobile européenne
L’arrivée de Leapmotor en Europe soulève des questions cruciales pour l’industrie automobile du Vieux Continent. Les constructeurs européens, déjà confrontés à une concurrence féroce et à la nécessité de s’adapter rapidement à l’électrification, voient désormais débarquer un nouvel acteur aguerri, bénéficiant du soutien d’un géant comme Stellantis.
Cette situation rappelle l’arrivée des constructeurs japonais dans les années 1970-1980, puis celle des marques coréennes dans les années 2010. À chaque fois, ces nouveaux entrants ont su séduire les consommateurs européens grâce à des véhicules innovants, fiables et souvent plus abordables que leurs homologues locaux.
Leapmotor pourrait bien suivre le même chemin, en proposant des véhicules électriques alliant technologie de pointe, design attractif et tarifs compétitifs. Face à cette nouvelle concurrence, les constructeurs européens devront redoubler d’efforts pour maintenir leur position sur leur marché domestique.
Un pari risqué pour Stellantis ?
La décision de Stellantis d’importer les véhicules Leapmotor en Europe peut sembler paradoxale au regard des déclarations passées de Carlos Tavares sur l’électrification et la production locale. Ce choix stratégique soulève plusieurs interrogations :
Comment Stellantis va-t-il gérer la cohabitation entre ses propres marques et Leapmotor sur le marché européen ?
Quel impact cette décision aura-t-elle sur l’emploi et la production automobile en Europe ?
Les consommateurs européens seront-ils prêts à adopter ces nouvelles marques chinoises ?
Ces questions restent pour l’instant sans réponse, mais il est clair que l’arrivée de Leapmotor en Europe marque un tournant dans la stratégie de Stellantis et pourrait bien rebattre les cartes sur le marché des véhicules électriques.
L’industrie automobile européenne se trouve à un moment charnière de son histoire. L’arrivée de nouveaux acteurs comme Leapmotor, soutenus par des géants établis comme Stellantis, pourrait accélérer la transition vers l’électromobilité tout en intensifiant la concurrence. Dans ce contexte, la capacité d’adaptation et d’innovation des constructeurs européens sera plus que jamais cruciale pour maintenir leur compétitivité et répondre aux attentes des consommateurs en matière de mobilité durable.
Reste à voir comment les automobilistes européens accueilleront ces nouveaux venus et si Leapmotor parviendra à s’imposer comme un acteur majeur de l’électromobilité sur le Vieux Continent. Une chose est sûre : le paysage automobile européen est en pleine mutation, et l’arrivée de Leapmotor n’est que le début d’une nouvelle ère pour l’industrie automobile.
Rédigé par François Zhang-Ming
J'ai toujours montré un vif intérêt pour les sciences et les technologies dès mon plus jeune âge. Je possède une double culture, chinoise par ma mère et française par mon père mais aussi par mes études, ce qui me permet d'être très familier avec les innovations technologiques de l'extrême orient.
Réagissez à l'article
