Le secteur européen des batteries pour voitures électriques traverse une crise majeure. Les ambitions continentales de créer une filière autonome s’écroulent, laissant le champ libre aux géants asiatiques, particulièrement chinois. Cette situation révèle les failles stratégiques d’une Europe qui peine à concrétiser ses projets industriels dans ce domaine crucial.
L’échec retentissant des projets européens
Le cas emblématique de Northvolt illustre parfaitement cette débâcle. Cette start-up suédoise, autrefois fleuron européen soutenu par Volkswagen et BMW, vient de déposer le bilan aux États-Unis. Malgré l’obtention du plus important prêt vert de l’histoire de l’UE, l’entreprise n’a pas réussi à maintenir son cap. Son PDG, ancien cadre de Tesla, a jeté l’éponge, symbolisant l’effondrement des ambitions européennes.
Les chiffres sont alarmants : sur 16 projets d’usines de batteries prévus en Europe, 12 ont été soit reportés, soit complètement abandonnés. Cette hécatombe industrielle témoigne des difficultés structurelles du continent à développer une filière batteries compétitive.
La Chine s’impose comme le maître du jeu
Pendant que l’Europe peine, la Chine consolide sa position dominante. Les constructeurs asiatiques, notamment Contemporary Amperex Technology Co. et Samsung SDI, poursuivent leur expansion sur le sol européen. Sur 13 projets d’usines menés par des entreprises asiatiques, 10 progressent selon le calendrier prévu.
La Chine contrôle 80% de la production mondiale de batteries lithium-ion
Six des plus grands fabricants mondiaux de batteries sont chinois
CATL est devenu le premier producteur mondial dès 2021
Les conséquences pour l’industrie automobile européenne
Cette situation met en péril l’avenir de l’industrie automobile européenne. Comme l’explique Andy Palmer, ancien PDG d’Aston Martin : “L’absence d’une production locale de batteries menace directement la survie du secteur automobile en Europe”. Les constructeurs européens pourraient être contraints de délocaliser leur production vers des régions disposant d’une industrie de batteries établie.
Mercedes-Benz et Stellantis ont déjà suspendu leurs projets d’usines en Allemagne et en Italie. Volkswagen revoit à la baisse ses objectifs de production. Au Royaume-Uni, la faillite de Britishvolt a sonné comme un autre avertissement.
Les enjeux stratégiques et environnementaux
L’ambition initiale européenne visait à créer des batteries plus respectueuses de l’environnement, utilisant 100% de matériaux recyclés (nickel, manganèse, cobalt). Cette approche écologique devait permettre de réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine tout en respectant les normes environnementales strictes de l’UE.
Les conséquences de cet échec dépassent le simple cadre économique. La dépendance accrue envers les fournisseurs asiatiques soulève des questions de souveraineté industrielle et compromet les objectifs européens de transition écologique dans le secteur automobile.
Perspectives et réalités du marché
Pendant que les constructeurs européens continuaient à développer des modèles thermiques, les industriels chinois investissaient massivement dans l’électrique. Cette différence d’approche stratégique explique en partie le retard accumulé. Les constructeurs européens revoient désormais leurs stratégies d’électrification et annulent des commandes de batteries, illustrant un cercle vicieux difficile à briser.
La réalité du marché montre que l’Europe doit repenser fondamentalement son approche. La création d’une filière batteries européenne nécessite des investissements massifs, une volonté politique forte et une coordination entre acteurs publics et privés qui fait aujourd’hui défaut.
Rédigé par Alexandra Dujonc
Après des études en ingénierie électrique, j'ai travaillé sur des projets de recherche et de développement visant à améliorer la capacité de recharge des voitures électriques dont j'en ai fait ma spécialité ! Je mets à votre disposition mes connaissances approfondies sur le sujet de la recharge électrique.
Réagissez à l'article
