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Voitures électriques : les constructeurs reviennent en arrière face à une demande en berne

Albert Lecoq

Vous pensiez que l’avenir de l’automobile serait 100% électrique d’ici quelques années ? Il semblerait que les constructeurs revoient leurs plans. Face à des ventes qui ne décollent pas autant qu’espéré, l’industrie automobile est contrainte de revoir sa stratégie. Plongée dans un marché en pleine mutation.

Un virage électrique plus lent que prévu

Il y a encore quelques mois, les annonces tonitruantes se multipliaient : Volkswagen, Renault, Stellantis… Tous promettaient une gamme entièrement électrifiée à l’horizon 2030. Mais la réalité du marché semble avoir rattrapé ces ambitions démesurées.

En Europe, les ventes de véhicules électriques stagnent autour de 15-16% de part de marché. Bien loin des 25% nécessaires d’ici 2025 pour respecter les nouvelles normes d’émissions imposées par Bruxelles. Cette situation met les constructeurs dans une position délicate : s’ils ne parviennent pas à augmenter rapidement leurs ventes de modèles zéro émission, ils s’exposent à de lourdes amendes pouvant se chiffrer en milliards d’euros.

Les raisons d’un démarrage poussif

Comment expliquer ce décalage entre les ambitions affichées et la réalité des ventes ? Plusieurs facteurs entrent en jeu :

  • Le prix élevé des véhicules électriques, encore peu abordables pour une majorité de consommateurs
  • La réduction des aides à l’achat dans de nombreux pays européens
  • Des infrastructures de recharge encore insuffisantes pour rassurer les acheteurs potentiels
  • Une offre limitée sur certains segments, notamment les petites voitures citadines
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Face à ces obstacles, les constructeurs se retrouvent pris en étau entre les exigences réglementaires et la réalité du marché. Résultat : beaucoup commencent à revoir leur copie et à adopter une approche plus prudente.

Les constructeurs revoient leur stratégie

Le groupe Volkswagen, fer de lance de l’offensive électrique en Europe, a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. Le constructeur allemand a ainsi décidé de reporter le lancement de plusieurs modèles électriques abordables, comme l’ID.2. Chez Audi, filiale premium du groupe, on reconnaît désormais que les volumes de ventes électriques seront inférieurs aux prévisions initiales d’ici 2035.

Même son de cloche du côté de Renault. Luca De Meo, le PDG du groupe français, estime que la transition vers le tout électrique “prendra plus de temps, plus de 10 ans”. Il plaide pour une approche plus pragmatique, associant électrique, hybride et hybride rechargeable pendant cette période de transition.

Stellantis n’est pas en reste. Le groupe franco-italo-américain mise sur ses plateformes multi-énergies pour s’adapter rapidement à l’évolution de la demande. Une stratégie qui lui permet de gagner en flexibilité tout en réduisant ses coûts de développement.

L’Europe à la traîne face à la Chine

Si l’Europe peine à concrétiser ses ambitions électriques, la situation est bien différente en Chine. Le pays est devenu le premier marché mondial pour les véhicules électriques, avec des ventes qui ne cessent de progresser. En décembre 2023, 69% des véhicules électriques vendus dans le monde l’ont été en Chine.

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Comment expliquer un tel succès ? Principalement par des prix nettement plus abordables. Grâce à des subventions massives et une production locale, les constructeurs chinois parviennent à proposer des modèles électriques à des tarifs défiant toute concurrence. La BYD Seagull, par exemple, est commercialisée à partir de 9 000 euros sur le marché chinois.

Face à cette concurrence redoutable, l’Europe tente de réagir. La Commission européenne a récemment annoncé des droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois. Une mesure qui risque toutefois de freiner la démocratisation de ces véhicules sur le Vieux Continent.

Quel avenir pour la voiture électrique en Europe ?

Malgré ces difficultés, l’avenir de l’automobile reste résolument électrique. Les constructeurs n’ont d’ailleurs pas d’autre choix que de s’adapter aux nouvelles normes d’émissions. La question n’est donc pas de savoir si la transition aura lieu, mais plutôt à quel rythme.

Pour accélérer le mouvement, plusieurs leviers devront être actionnés :

  • Une baisse significative des prix des véhicules électriques, rendue possible par des économies d’échelle et des avancées technologiques
  • Le développement massif des infrastructures de recharge, pour rassurer les consommateurs sur l’autonomie
  • Le maintien d’aides à l’achat ciblées, notamment pour les ménages modestes
  • Une offre élargie de modèles, couvrant tous les segments du marché
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Si ces conditions sont réunies, nul doute que le marché européen finira par emboîter le pas à la Chine. En attendant, les constructeurs devront faire preuve de pragmatisme et d’agilité pour naviguer dans ce contexte incertain. Une chose est sûre : la route vers le tout électrique s’annonce plus longue et sinueuse que prévu.

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