Recharge voiture électrique

Vous allez regretter votre voiture essence après avoir vu ça

Alexandra Dujonc

BYD bouleverse les codes techniques des voitures électriques avec sa nouvelle Super e-Platform. Cette architecture repense entièrement l’approche de la recharge rapide en proposant des performances qui s’approchent dangereusement de celles d’un véhicule thermique. Si vous pensiez que les 10 minutes de recharge constituaient déjà un exploit, préparez-vous à découvrir une technologie qui promet 400 kilomètres d’autonomie en 5 minutes.

Le constructeur chinois ne se contente pas d’annoncer des chiffres impressionnants : il déploie une stratégie technique cohérente qui associe une batterie 1000 volts, une machine électrique de nouvelle génération et un système de refroidissement révolutionnaire. Cette approche globale vise à répondre aux dernières réticences des automobilistes face à l’électrification, notamment concernant les temps d’arrêt lors des longs trajets.

Une batterie Blade sous tension extrême : la clé de la puissance

Au cœur de cette Super e-Platform se trouve une batterie qui fonctionne sous une tension maximale de 1000 volts, un record pour une voiture électrique de série. Cette batterie intègre 272 cellules prismatiques LFP de type Blade 2.0, assemblées selon l’architecture Cell-to-Pack pour optimiser l’espace et réduire la complexité.

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La chimie LFP (Lithium Fer Phosphate) a été entièrement repensée pour cette application. BYD annonce une densité énergétique de 190 Wh/kg, contre 150 Wh/kg sur les générations précédentes. Plus important encore, la résistance interne a été réduite de 50% grâce à une nouvelle formulation de l’électrolyte qui accélère le transfert d’ions entre les électrodes. Cette amélioration constitue la base technique permettant d’atteindre des intensités de recharge record.

Le système de refroidissement a été entièrement revu pour supporter ces contraintes thermiques extrêmes. Les cellules sont désormais prises en sandwich entre deux plaques de refroidissement reliées par un circuit en U-Flow composé de multiples canaux fins. BYD garde secrète la composition exacte de son liquide caloporteur, élément visiblement critique pour maintenir les performances en conditions de sollicitation intensive.

Flash-Charging : 2 kilomètres d’autonomie par seconde

Cette architecture haute tension permet d’atteindre une intensité de 1000 ampères en phase de recharge rapide, soit une puissance théorique de 1000 kW. Pour vous donner une idée de ces performances, la Super e-Platform affiche un facteur C de 10, là où les meilleures batteries LFP actuelles plafonnent à 5,5 C.

Les résultats pratiques impressionnent : BYD annonce 2 kilomètres d’autonomie par seconde en pic de recharge, et jusqu’à 400 kilomètres en 5 minutes. Les modèles Han L et Tang L réalisent respectivement leur recharge de 10 à 70% en 6 minutes, avec des temps de recharge complète de 20 et 30 minutes selon la capacité de batterie.

  • BYD Han L (83,5 kWh) : 20 minutes pour une recharge complète
  • BYD Tang L (100,5 kWh) : 30 minutes pour une recharge complète
  • Puissance moyenne nette mesurée : 587 kW sur la Han L
  • Record mesuré : 10-60% en 4 minutes 15 secondes
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Infrastructure dédiée et solution de contournement

BYD anticipe le problème majeur de cette technologie : l’absence d’infrastructure capable de délivrer de telles puissances. Le standard CCS européen plafonne à 500 ampères, soit 400 kW maximum, tandis que le GB/T chinois s’arrête à 800 ampères.

La solution passe par deux approches complémentaires. D’abord, BYD développe ses propres bornes MegaWatt capables d’atteindre 1360 kW. Ces stations intègrent un refroidissement liquide complet et s’appuient sur des armoires de stockage de 1500 kWh. Le constructeur prévoit 4000 stations propriétaires en Chine dans les prochains mois.

La seconde solution, baptisée Dual Gun Charging, permet d’utiliser simultanément les deux ports de recharge du véhicule. Cette approche rappelle les doubles réservoirs des anciennes Jaguar XJ12 et permet théoriquement d’atteindre 800 kW sur l’infrastructure européenne actuelle, à condition de trouver deux bornes de 400 kW disponibles simultanément.

Machine électrique record : 30 511 tours par minute

La Super e-Platform intègre également une nouvelle machine électrique synchrone à aimants permanents qui établit un record mondial de rotation à 30 511 tr/min. Cette vitesse extrême permet selon BYD d’augmenter la vitesse maximale tout en réduisant le poids et l’encombrement du moteur.

Les performances annoncées positionnent ce moteur au sommet de la catégorie : 580 kW (789 ch) pour un poids estimé à 35 kg seulement, soit une densité de 16,4 kW/kg. À titre de comparaison, la machine de Lucid Motors affiche 6,8 kW/kg pour 500 kW, démontrant l’avancée technique réalisée par BYD.

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ModèlePuissanceCouple0-100 km/hVitesse max
Han L (propulsion)500 kW420 Nm5,5 s240 km/h
Han L (intégrale)810 kW860 Nm2,7 s270 km/h
Tang L (intégrale)810 kW860 Nm3,9 s265 km/h

Questions sur la durabilité et l’évolution du marché

Cette révolution technique soulève des interrogations légitimes sur la longévité des batteries soumises à de telles contraintes. BYD, qui a toujours privilégié la prudence en bridant la puissance de recharge de ses modèles actuels dès que la température augmente, change radicalement d’approche avec des puissances qui paraissaient impensables il y a encore quelques mois.

L’impact sur l’infrastructure européenne pourrait être considérable. Des recharges aussi rapides permettraient d’accélérer la rotation aux stations et de réduire le nombre de bornes nécessaires. Cette évolution devient d’autant plus pertinente que le parc automobile européen s’électrifie rapidement, créant des points de congestion aux heures de pointe sur les axes autoroutiers.

La Super e-Platform de BYD repousse une fois de plus les limites du possible en matière de mobilité électrique. Reste à voir si cette course à la puissance de recharge répondra aux attentes réelles des utilisateurs ou s’il s’agit avant tout d’un argument marketing pour rassurer les derniers réfractaires à l’électrification. L’arrivée de ces technologies sur le marché européen constituera un test grandeur nature de leur pertinence face aux infrastructures et aux habitudes de mobilité locales.

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