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Deux français ont repensé la voiture électrique depuis zéro : voici le résultat

Philippe Moureau

Dans l’atelier de Saint-Romain-de-Colbosc, près du Havre, deux ingénieurs normands viennent de lever le voile sur un projet qui pourrait redistribuer les cartes dans le secteur automobile. Marc Guillemaud et Aurélien Roulleaux Dugage, anciens d’Exxon Mobil, proposent avec leur Line une approche radicalement différente de l’électrification. Plutôt que d’adapter des modèles existants, ils ont repensé entièrement l’architecture du véhicule pour atteindre une consommation de 4 kWh aux 100 km, là où la moyenne du marché oscille entre 12 et 25 kWh.

Une conception repensée depuis la base

Les deux cofondateurs de FacteurDix, start-up lancée en 2024, n’ont pas suivi la voie classique des constructeurs établis. Leur formation à l’IFP School et leur expérience dans le secteur pétrolier leur ont donné une vision particulière des enjeux énergétiques. “Nous avons pris les fondamentaux de la construction automobile et tout repensé”, explique Marc Guillemaud. Cette approche se traduit par trois piliers techniques majeurs.

La Line affiche un coefficient de traînée Scx de 0,28 m², performance remarquable face aux 0,51 m² de la Tesla Model S, pourtant référence en matière d’aérodynamisme. Cette optimisation s’accompagne d’une réduction drastique de la masse : le véhicule ne pèse que 500 kg grâce à un châssis composite et à une architecture allégée. Les dimensions ont été calculées au millimètre près, avec une longueur de 3,93 mètres qui limite la surface frontale.

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Les compromis assumés pour l’efficacité maximale

Pour atteindre ces performances, FacteurDix a fait des choix assumés. La Line se présente comme un véhicule biplace, configuration qui correspond selon les créateurs à 85% des trajets quotidiens. Cette limitation permet de réduire significativement le poids et les dimensions, facteurs clés de l’efficacité énergétique.

Le véhicule est techniquement classé dans la catégorie des “trois roues” bien qu’équipé de quatre roues, statut qui facilite l’homologation tout en maintenant les standards de sécurité. L’autonomie annoncée dépasse les 500 kilomètres, permettant deux à trois heures de conduite autoroutière à 130 km/h. La recharge rapide promet un passage de 20% à 80% en dix minutes seulement.

Un positionnement tarifaire progressif

La stratégie commerciale de FacteurDix s’articule autour d’un déploiement par étapes. Le constructeur normand prévoit une production initiale limitée à une dizaine d’exemplaires destinés aux investisseurs et ambassadeurs, avant de passer à 500 unités par an entre 2028 et 2029.

L’objectif tarifaire s’établit à 30 000 euros au-delà de 2030, prix qui sera atteint avec une production de 10 000 véhicules annuels. Cette montée en cadence progressive permet d’amortir les coûts de développement tout en affinant les processus industriels. La production sera assurée par Faster, spécialiste des prototypes basé à Plaisir dans les Yvelines.

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Un impact environnemental repensé

Au-delà des performances énergétiques, FacteurDix revendique une approche globale de l’impact environnemental. Le bilan carbone sur l’ensemble du cycle de vie affiche une réduction de 30% par rapport aux véhicules électriques conventionnels. Cette performance s’explique par la moindre quantité de matières premières nécessaires et la réduction des besoins en batterie.

La puissance de recharge limitée à 100 kW pour atteindre 80% de charge contraste avec les 300 kW réclamés par certaines Tesla sur une durée de 20 minutes. Cette différence illustre l’efficacité du système : moins d’énergie stockée, mais une utilisation optimisée de chaque kilowattheure.

Une cible clientèle spécifique

Le positionnement de la Line vise plusieurs segments précis du marché automobile. Les dirigeants de FacteurDix ciblent prioritairement les consommateurs sensibilisés aux enjeux climatiques et recherchant une cohérence entre leurs convictions et leurs choix de mobilité. Les flottes commerciales représentent également un débouché privilégié, notamment pour les commerciaux effectuant de nombreux déplacements.

Le véhicule se positionne aussi comme seconde voiture pour les foyers en quête d’originalité et d’efficacité pour les trajets quotidiens. Cette stratégie de niche permet d’éviter la confrontation directe avec les constructeurs généralistes tout en répondant à une demande spécifique. L’homologation est prévue pour 2027, ouvrant la voie à une commercialisation qui pourrait redéfinir les standards d’efficacité dans l’automobile électrique française.

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