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55 000 € de réparation pour un accrochage avec cette Tesla

Philippe Moureau

Le désastre financier vécu par le site américain Edmunds avec leur Tesla Cybertruck remet en question la viabilité économique des véhicules électriques de luxe. L’engin à l’allure futuriste, vendu à prix d’or, s’est transformé en gouffre financier suite à un accident relativement banal. Cette mésaventure soulève des interrogations légitimes sur la maintenabilité et le coût réel de possession de ces nouveaux mastodontes électriques.

Un essai longue durée brutalement interrompu

Le site Edmunds, référence automobile aux États-Unis, avait déboursé 101 985 dollars pour acquérir un Cybertruck Foundation Series à l’été 2024. L’objectif était simple : tester le véhicule pendant un an dans le cadre de leur fameux “One-Year Road Test”, puis le revendre. Mais le destin en a décidé autrement.

Le 11 décembre 2024, alors que le pick-up était stationné devant un restaurant de West Hollywood à Los Angeles, une berline a percuté sa roue arrière côté conducteur à grande vitesse. Ce qui aurait pu passer pour un accident sans gravité majeure s’est rapidement transformé en cauchemar logistique et financier. La roue, le pneu, le panneau en acier inoxydable et le pare-chocs présentaient des dommages significatifs, mais rien qui ne laissait présager la suite.

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La réalité brutale des coûts de réparation

Premier choc pour les journalistes : la quasi-impossibilité de trouver un carrossier acceptant de toucher au véhicule. Dans toute la région de Los Angeles, pourtant zone concentrant le plus de Cybertrucks au monde, seuls deux garages “certifiés Tesla” ont accepté de prendre en charge le véhicule.

Après deux mois d’attente, le verdict est tombé sous forme d’un devis astronomique : 57 879,89 dollars de réparations. Cette somme représente plus de la moitié du prix d’achat initial du véhicule neuf ! L’apparente simplicité des dégâts masquait une réalité bien plus complexe : l’enfoncement de la roue arrière vers l’intérieur avait endommagé des éléments critiques.

  • Suspension arrière : 9 149 dollars
  • Plateau du pick-up : 8 762,79 dollars
  • Moteurs et composants : 4 191 dollars
  • Main-d’œuvre : 16 584 dollars

La structure monobloc, talon d’Achille du Cybertruck

Ce qui fait la singularité du Cybertruck – sa carrosserie en acier inoxydable ultra-résistant – devient paradoxalement sa plus grande faiblesse en cas d’accident. La conception monobloc du véhicule implique que les contraintes se transmettent à l’ensemble de la structure. Un choc localisé peut ainsi endommager des éléments vitaux situés à distance du point d’impact.

La suspension arrière, le moteur de traction, le système de direction des roues arrière et de nombreux composants électroniques ont été détruits par la propagation des forces lors de l’impact. Cette particularité technique explique pourquoi un choc apparemment limité à une roue arrière a pu générer des dégâts aussi considérables.

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L’amère conclusion financière

Face à ce gouffre financier, les journalistes d’Edmunds ont dû se résoudre à vendre leur Cybertruck accidenté pour la modique somme de 8 000 dollars sur un site d’enchères. Le bilan est sans appel : près de 94 000 dollars de perte en quelques mois, établissant un triste record dans l’histoire du site.

Ce revers détrône le Fisker Ocean qui détenait jusqu’alors la première place du classement des “véhicules ayant fait perdre le plus d’argent” à Edmunds. Ironie du sort, il s’agit également d’un véhicule électrique, ce qui soulève des questions sur la réparabilité de ces nouvelles générations de voitures.

VéhiculePrix d’achatPrix de reventePerte financière
Tesla Cybertruck101 985 $8 000 $93 985 $

Des leçons à tirer pour l’avenir des véhicules électriques haut de gamme

Cette mésaventure souligne les défis économiques que représentent les véhicules électriques à la conception révolutionnaire. Si le Cybertruck avait séduit l’équipe d’Edmunds par son “confort exceptionnel” sur les longs trajets avant l’accident, son coût total de possession s’avère potentiellement prohibitif.

Pour les acheteurs potentiels, cette histoire constitue un avertissement : au-delà du prix d’achat initial et des économies réalisées sur le carburant, la réparabilité et la disponibilité des pièces détachées demeurent des facteurs cruciaux à considérer. La rareté des ateliers capables d’intervenir sur ces véhicules hautement technologiques représente un risque financier non négligeable.

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Le cas du Cybertruck illustre parfaitement le paradoxe actuel des véhicules électriques premium : innovants et performants, mais potentiellement ruineux en cas de pépin. Une dimension que les constructeurs devront impérativement prendre en compte pour assurer la viabilité à long terme de leurs modèles révolutionnaires.

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