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Les voitures autonomes ne rendent pas les routes plus sûres : mais ces systèmes, oui

Philippe Moureau

Les accidents de la route restent l’une des principales causes de décès dans de nombreux pays, et la situation ne s’améliore pas. Aux États-Unis, la National Highway Traffic Safety Administration estime qu’environ 41 000 personnes ont perdu la vie dans des accidents de la route en 2023. Face à ce constat alarmant, les constructeurs automobiles investissent massivement dans les technologies de conduite autonome. Mais est-ce vraiment la solution pour rendre nos routes plus sûres ?

L’efficacité prouvée des systèmes d’aide à la conduite

Selon les experts, la réponse à des routes plus sûres existe déjà : ce sont les systèmes avancés d’aide à la conduite (ADAS). David Kidd, chercheur principal à l’Insurance Institute for Highway Safety (IIHS), affirme que “les technologies d’évitement des collisions préviennent les accidents et sont de plus en plus disponibles sur les nouveaux véhicules”.

La plupart des voitures modernes sont équipées de fonctionnalités ADAS telles que :

  • L’alerte de collision frontale
  • Le freinage d’urgence autonome
  • L’assistance au maintien de voie
  • La surveillance des angles morts

Ces systèmes réduisent considérablement les types d’accidents qu’ils sont conçus pour prévenir. Prenons l’exemple du freinage d’urgence autonome (AEB). Ce système utilise des radars et des caméras pour surveiller la route. Lorsqu’il détecte un danger, il analyse d’abord si vous prenez des mesures pour l’éviter. Si vous ne réagissez pas à temps, l’AEB freine automatiquement pour ralentir ou arrêter le véhicule.

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Les résultats sont impressionnants : selon l’IIHS, l’AEB a réduit de 50% les collisions par l’arrière signalées à la police. D’autres fonctionnalités comme le régulateur de vitesse adaptatif, l’assistance au maintien de voie et la surveillance des angles morts se sont également avérées efficaces.

Les limites actuelles de la conduite autonome

Contrairement aux systèmes ADAS, l’efficacité des systèmes de conduite semi-autonome de niveau 2, comme le “Full Self-Driving” de Tesla, le Blue Cruise de Ford ou le Super Cruise de General Motors, n’est pas encore prouvée en termes de sécurité routière.

David Kidd souligne que “l’automatisation modifie la façon dont les gens interagissent avec la voiture. Les conducteurs peuvent devenir plus à l’aise avec le temps et s’engager dans des activités plus distrayantes”. Cette distraction potentielle est un point crucial, car elle pourrait annuler les bénéfices en termes de sécurité apportés par l’automatisation.

Les données sur l’impact de la technologie de conduite autonome sur la sécurité routière sont contradictoires. Une étude publiée dans la revue Nature en juin 2024 indique que les voitures autonomes ont généralement moins de risques d’accidents que les véhicules conduits par des humains dans des scénarios similaires. Cependant, elles provoquent plus d’accidents que les humains à l’aube, au crépuscule ou dans des “conditions de virage”.

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Une autre étude analysant une base de données de la NHTSA a révélé que les accidents impliquant des voitures équipées de systèmes de niveau 2 étaient en augmentation. Il faut noter que ces accidents étaient catégorisés en fonction de l’équipement des véhicules, et non sur la base de ce qui était signalé comme étant activé au moment de l’accident.

Le défi de l’éducation des conducteurs

Richard Schram, directeur technique d’Euro NCAP, met en garde : “Les constructeurs qui vendent des voitures aux consommateurs en prétendant qu’elles disposent d’une technologie de conduite autonome ne disent pas la vérité sur les capacités du système de leur voiture”. Il souligne que les systèmes ADAS aident à améliorer les performances des conducteurs depuis des années, mais ne dégagent pas le conducteur de ses responsabilités.

Le défi actuel est d’enseigner aux conducteurs les compétences nécessaires à l’utilisation de l’automatisation. Tout comme les voitures électriques nécessitent une courbe d’apprentissage importante en tant que nouvelle technologie, la conduite autonome nécessiterait également une éducation substantielle des conducteurs sur la façon et le moment d’intervenir, sur les conditions sûres pour conduire sans les mains sur le volant, etc.

L’importance des données et de la transparence

Tesla publie périodiquement des données sur l’Autopilot pour montrer les améliorations du nombre de kilomètres parcourus par accident. Néanmoins, de nombreux rapports font état d’accidents mortels impliquant des Tesla équipées de l’Autopilot et du FSD, ce qui a déclenché des enquêtes du ministère américain de la Justice et de la NHTSA.

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Il est crucial de disposer de données précises et transparentes pour évaluer l’efficacité réelle de ces systèmes. L’automatisation étant relativement nouvelle, il faudra peut-être des millions de kilomètres supplémentaires parcourus avant que nous ne voyions des résultats plus précis.

Vers une approche intégrée de la sécurité routière

Il est important de noter que la sécurité routière ne dépend pas uniquement des véhicules. Une approche globale doit inclure :

  • L’amélioration de la conception des routes
  • Le renforcement de l’éducation des conducteurs
  • L’application plus stricte des lois sur la circulation

Les systèmes ADAS ont prouvé leur efficacité en termes de prévention des accidents. Ils agissent comme un filet de sécurité, offrant une couche de protection supplémentaire. Bien que la conduite autonome promette un avenir où les algorithmes informatiques prendront le contrôle total, les experts s’accordent à dire que nous n’en sommes pas encore là.

En attendant, la combinaison de systèmes ADAS efficaces, d’une meilleure éducation des conducteurs et d’une infrastructure routière améliorée semble être la voie la plus prometteuse pour réduire les accidents de la route. La technologie joue un rôle crucial, mais elle doit être accompagnée d’une responsabilisation accrue des conducteurs et d’une approche globale de la sécurité routière.

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