Actu voiture électrique

Volkswagen ne gagne plus l’argent dont il a besoin

Philippe Moureau

Le géant automobile allemand Volkswagen traverse une période tumultueuse, marquée par des défis financiers et stratégiques majeurs. L’industrie automobile est en pleine mutation, avec la transition vers l’électrique qui s’impose comme un impératif économique et environnemental. Mais cette transition ne se fait pas sans heurts, comme en témoignent les récentes annonces du groupe.

Une chute vertigineuse des profits

Volkswagen a récemment annoncé une baisse spectaculaire de 42% de son bénéfice d’exploitation au troisième trimestre. Cette chute drastique s’explique par plusieurs facteurs :

  • Une performance décevante de la marque Volkswagen
  • Des coûts élevés sur le marché allemand
  • Des investissements massifs dans de nouveaux modèles, notamment électriques

Le groupe se trouve dans une situation délicate : il doit investir massivement dans l’électrique pour rester compétitif, tout en faisant face à une baisse de rentabilité de ses modèles traditionnels. Cette équation complexe pousse Volkswagen à envisager des mesures drastiques, y compris la fermeture d’usines en Allemagne, une première dans l’histoire du constructeur.

La marque VW sous pression

La marque Volkswagen elle-même est particulièrement touchée par cette crise. Sa marge opérationnelle sur les neuf premiers mois de l’année n’a atteint que 2,1%, contre 3,4% sur la même période l’année précédente. Ce chiffre alarmant souligne l’urgence de la situation.

A lire également :  Transition électrique ratée : Stellantis joue sa survie

Arno Antlitz, directeur financier du groupe Volkswagen, ne cache pas la gravité de la situation : “VW ne gagne pas l’argent dont elle a besoin pour financer tous les nouveaux produits.” Il précise que l’entreprise a dépensé 4,9 milliards d’euros en développement et investissements pour la transition vers l’électrique, ce qui a réduit les bénéfices de la marque VW à 1,3 milliard d’euros à la fin septembre.

Un modèle économique en péril

La stratégie classique des constructeurs automobiles consiste à financer la transition vers l’électrique grâce aux ventes solides de véhicules thermiques actuels. C’est par exemple la méthode adoptée par General Motors, qui finance sa transition électrique avec les ventes de ses modèles Escalade et Silverado.

Mais pour Volkswagen, cette stratégie se heurte à plusieurs obstacles :

  • Un marché européen des voitures neuves en contraction
  • Une baisse des ventes de véhicules électriques suite à la suppression des subventions
  • Une concurrence de plus en plus féroce et compétitive

Face à ces défis, Volkswagen n’a d’autre choix que de réduire drastiquement ses coûts pour rester compétitif. Mais cette décision aura des conséquences douloureuses pour les employés du groupe.

Des mesures drastiques en perspective

Pour faire face à cette situation critique, Volkswagen envisage plusieurs mesures radicales :

  • La fermeture d’au moins trois usines en Allemagne
  • La suppression de milliers d’emplois
  • Une réduction de 10% des salaires pour environ 140 000 travailleurs
A lire également :  Volkswagen innove avec un capot actif pour sauver des vies

Antlitz estime que la marque Volkswagen doit réaliser plus de 10 milliards d’euros d’économies pour rester compétitive face à ses concurrents. Ces mesures s’annoncent particulièrement difficiles à mettre en œuvre, notamment en raison de la résistance des syndicats.

Audi : l’exemple de la fermeture de l’usine de Bruxelles

La crise ne touche pas que la marque Volkswagen. Audi, malgré ses avancées impressionnantes dans le domaine de l’électrique, doit également faire face à des décisions douloureuses. L’usine de Bruxelles, qui produit actuellement les modèles Q8 E-Tron et Q8 E-Tron Sportback, est menacée de fermeture.

Cette décision s’explique par plusieurs facteurs :

  • Une baisse des ventes du Q8 E-Tron, devenu moins compétitif face à la concurrence
  • L’arrivée du nouveau Q6 E-Tron, plus performant et plus abordable
  • L’impossibilité de trouver un repreneur pour l’usine

La fermeture de l’usine de Bruxelles marquerait la première fermeture d’usine du groupe Volkswagen depuis des décennies, illustrant la gravité de la situation.

Un avenir incertain pour Volkswagen

Volkswagen se trouve aujourd’hui à un tournant critique de son histoire. Le groupe doit naviguer entre plusieurs impératifs contradictoires :

  • Investir massivement dans l’électrique pour rester compétitif
  • Réduire ses coûts pour maintenir sa rentabilité
  • Respecter les nouvelles normes européennes en matière d’émissions de CO2
A lire également :  Bientôt, 1 voiture sur 4 sera électrique en Europe : un danger inquiétant ?

La survie du groupe n’est pas remise en question, mais le chemin pour y parvenir s’annonce particulièrement difficile et douloureux. Les prochains mois et années seront cruciaux pour Volkswagen, qui devra faire preuve d’une adaptabilité et d’une résilience sans précédent pour surmonter ces défis.

La transition vers l’électrique, initialement perçue comme une opportunité, se révèle être un défi majeur pour Volkswagen. Le groupe devra repenser en profondeur son modèle économique et sa stratégie industrielle pour sortir renforcé de cette crise. L’avenir dira si le géant allemand parviendra à relever ce défi et à conserver sa place de leader sur le marché automobile mondial.

Réagissez à l'article
S’abonner
Notification pour
guest

1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires