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Ford en crise : incapable de suivre sur l’électrique, 4000 emplois seront supprimés

Albert Lecoq

Le géant américain de l’automobile Ford traverse une période difficile sur le marché européen des voitures électriques. Face à une concurrence accrue, notamment chinoise, et des ventes en berne, le constructeur se voit contraint de prendre des mesures drastiques.

Une réduction massive des effectifs en Europe

Ford a annoncé la suppression de 4000 emplois en Europe d’ici fin 2027. Cette décision s’inscrit dans un plan de restructuration plus large visant à réduire les coûts et à s’adapter à un marché des véhicules électriques qualifié de “hautement perturbateur” par l’entreprise.

Les suppressions de postes toucheront principalement l’Allemagne, mais le Royaume-Uni sera également affecté. Ford précise que les autres marchés européens ne subiront que des “réductions minimales”.

Cette annonce intervient dans un contexte économique difficile pour Ford en Europe. Le constructeur évoque des “pertes significatives” ces dernières années, attribuées à la fois à une situation économique fragile et à une demande de voitures électriques “plus faible que prévu“.

Ralentissement de la production de modèles électriques

En plus des suppressions d’emplois, Ford a décidé de ralentir la cadence de production de ses nouveaux modèles électriques Explorer et Capri, tous deux assemblés dans son usine de Cologne en Allemagne.

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Cette usine, dans laquelle Ford a investi 2 milliards de dollars pour la convertir à la production de véhicules électriques, va connaître des périodes de chômage partiel au premier trimestre 2025. Une décision qui illustre les difficultés rencontrées par le constructeur sur le marché européen des voitures électriques.

Un appel à l’action urgent

Face à ces défis, Ford ne baisse pas les bras. Dans une lettre adressée au gouvernement allemand, John Lawler, le directeur financier de Ford, a réaffirmé l’engagement de l’entreprise envers l’Europe et l’objectif d’émissions zéro pour 2035. Il a cependant lancé un appel urgent à l’action, soulignant la nécessité d’une collaboration entre toutes les parties prenantes pour faciliter la transition vers l’électrique.

Lawler pointe du doigt plusieurs domaines nécessitant une attention particulière :

  • Investissements publics dans les infrastructures de recharge
  • Incitations significatives pour encourager les consommateurs à adopter les véhicules électriques
  • Amélioration de la compétitivité des coûts pour les constructeurs
  • Plus de flexibilité dans l’atteinte des objectifs de conformité en matière de CO2

Ces demandes reflètent les défis auxquels sont confrontés non seulement Ford, mais l’ensemble des constructeurs traditionnels dans leur transition vers l’électrique.

La stratégie de Ford pour rester compétitif

Malgré ces difficultés, Ford affirme sa volonté de rester un acteur majeur en Europe. La stratégie du constructeur se concentre sur deux axes principaux :

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1. Le développement de véhicules “définis par logiciel” avec un design “différencié”.
2. Un accent mis sur son activité commerciale Ford Pro, tout en maintenant une présence dans certains segments de véhicules particuliers pour stimuler la croissance des bénéfices.

Cette approche témoigne de la volonté de Ford de s’adapter aux nouvelles réalités du marché automobile, où la technologie et les services jouent un rôle de plus en plus important.

La concurrence chinoise, une menace grandissante

La restructuration de Ford en Europe intervient alors que les constructeurs chinois, notamment BYD, gagnent rapidement du terrain sur le marché mondial des véhicules électriques.

BYD, en particulier, connaît une croissance fulgurante. L’entreprise a enregistré un bénéfice net record de 1,6 milliard de dollars au troisième trimestre 2024, porté par des ventes de véhicules électriques en forte hausse. En octobre, BYD a réalisé son huitième mois consécutif de ventes record, dépassant pour la première fois les 500 000 véhicules particuliers vendus en un mois.

Cette performance contraste fortement avec celle de Ford, dont la division de véhicules électriques Model e devrait perdre entre 5 et 5,5 milliards de dollars cette année.

Le PDG de Ford, Jim Farley, a d’ailleurs mis en garde ses concurrents plus tôt cette année, déclarant que si les constructeurs occidentaux ne parvenaient pas à suivre le rythme des Chinois, “20% à 30% de leurs revenus seraient en danger“.

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Pour tenter de renverser la situation, Ford mise sur le développement de véhicules électriques plus petits et plus abordables, avec une nouvelle plateforme à faible coût. Le premier modèle issu de cette plateforme, un nouveau pick-up électrique, est prévu pour 2027.

La question reste de savoir si cette stratégie permettra à Ford de redresser la barre en Europe et de faire face à la concurrence chinoise. Le constructeur américain, fort de plus d’un siècle de présence sur le Vieux Continent, se trouve à un tournant décisif de son histoire. Sa capacité à s’adapter rapidement aux nouvelles réalités du marché automobile, tout en préservant son héritage et son savoir-faire, sera cruciale pour son avenir en Europe et au-delà.

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