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Ce constructeur allemand abandonne le 100% électrique : que se passe-t-il ?

Philippe Moureau

Opel vient de rejoindre la liste croissante des constructeurs automobiles qui révisent leurs ambitions électriques à la baisse. Le constructeur allemand, propriété du groupe Stellantis, a officiellement abandonné lundi son engagement de proposer uniquement des véhicules électriques d’ici 2028 sur le marché européen. Une décision qui illustre les difficultés rencontrées par l’industrie automobile face à une demande moins dynamique qu’escompté et des défis technologiques persistants.

Cette volte-face intervient près de quatre ans après l’annonce ambitieuse faite lors de l’EV Day de Stellantis en 2021. Michael Lohscheller, alors directeur général d’Opel et aujourd’hui à la tête de Polestar, avait pourtant été catégorique : “À partir de 2028, Opel ne proposera que des voitures électriques sur notre marché principal qu’est l’Europe.” Un revirement qui soulève des questions sur la stratégie globale du secteur automobile.

La stratégie multi-énergies remplace l’engagement électrique

Plutôt que de maintenir le cap vers le tout électrique, Opel mise désormais sur ce qu’elle appelle une “stratégie multi-énergies”. Cette approche pragmatique lui permet de proposer simultanément des véhicules électriques, des hybrides rechargeables et même des moteurs thermiques traditionnels selon les besoins du marché. La marque allemande revendique ainsi être “la première marque allemande à offrir une gamme entièrement électrifiée”, une formulation qui englobe toutes les motorisations alternatives.

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Face aux interrogations des médias, Opel a précisé dans un communiqué que cette transition “ne doit pas nécessairement se limiter à 2028 si la demande l’exige autrement”. Cette déclaration traduit une réalité économique : les ventes de voitures électriques n’atteignent pas les volumes espérés, particulièrement en Allemagne où les aides à l’achat ont été réduites.

Des performances commerciales contrastées selon les marchés

Malgré ce recul stratégique, Opel maintient ses efforts sur l’électrification dans certains marchés clés. Au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, la marque continue de pousser ses modèles électriques tout en gardant des alternatives thermiques. Cette approche différenciée s’appuie sur les spécificités réglementaires et commerciales de chaque pays.

Les chiffres de ventes témoignent d’une position solide : Opel, aux côtés de sa marque sœur britannique Vauxhall, figure parmi les leaders européens dans le segment B-hatch. Au premier semestre 2025, les deux marques ont occupé la première place en Allemagne et au Royaume-Uni dans cette catégorie en pleine expansion, portées notamment par la Corsa Electric.

Une tendance généralisée chez les constructeurs allemands

Opel rejoint une liste impressionnante de constructeurs qui ont récemment revu leurs ambitions électriques. Cette liste comprend des acteurs majeurs du marché automobile :

  • Volkswagen : reports de certains modèles électriques et maintien de motorisations thermiques
  • Mercedes-Benz : abandon de l’objectif 100% électrique d’ici 2030
  • BMW : prolongation de la coexistence entre électrique et thermique
  • Audi : révision des calendriers de transition électrique
  • Volvo : maintien de l’hybride plus longtemps que prévu
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Cette convergence révèle des défis structurels communs : coûts de production élevés, infrastructure de recharge insuffisante, et résistance des consommateurs face aux prix des véhicules électriques. Les constructeurs adaptent leurs stratégies à une réalité de marché plus complexe qu’anticipé.

L’impact de la stratégie Stellantis sur ses marques

En tant que membre du groupe Stellantis, Opel partage une approche commune avec ses marques sœurs Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep et Ram. Bien que chaque marque soit censée opérer de manière indépendante, les observateurs notent une coordination évidente dans les décisions stratégiques. Le recul observé sur les marques américaines du groupe se retrouve logiquement chez les marques européennes.

Cette mutualisation des ressources et des stratégies permet à Stellantis d’optimiser ses investissements en recherche et développement, particulièrement coûteux dans le domaine des batteries lithium-ion et des technologies de recharge rapide. La plateforme commune utilisée par plusieurs modèles du groupe illustre cette logique industrielle.

Le positionnement d’Opel reflète finalement une maturation du marché automobile, où les constructeurs privilégient la flexibilité à l’engagement radical. Cette stratégie pourrait s’avérer payante si elle permet de répondre plus efficacement aux attentes diversifiées des consommateurs européens, tout en préparant la transition vers une mobilité plus durable à un rythme économiquement viable.

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