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Le roadster de Tesla ne fera pas ce qu’Elon avait annoncé : c’est encore mieux

Albert Lecoq

Après des années d’attente et de promesses grandioses d’Elon Musk sur une Tesla Roadster capable de “voler” grâce à des propulseurs à gaz froid, un nouveau brevet déposé par le constructeur américain révèle une approche bien différente. Plutôt que de poursuivre l’idée farfelue du vol, Tesla semble avoir opté pour une solution plus pragmatique inspirée des “fan cars” des années 1970. Une décision qui pourrait finalement s’avérer bien plus pertinente pour les performances réelles du véhicule.

Le package SpaceX promis depuis 2017 prend enfin forme

Lorsque Tesla avait dévoilé sa Roadster de nouvelle génération en 2017 lors de la présentation du Semi, Elon Musk avait évoqué un mystérieux “package SpaceX” qui permettrait à la voiture de défier les lois de la physique. Le PDG parlait alors de propulseurs à gaz froid stratégiquement placés autour du véhicule pour offrir une poussée supplémentaire et même permettre au véhicule de voler.

Le problème fondamental de cette approche résidait dans son absurdité technique. Comme vous le savez, l’appui aérodynamique vers le bas améliore les performances en plaquant la voiture au sol, permettant aux pneus de mieux adhérer. À l’inverse, une force ascensionnelle – nécessaire au vol – est totalement contre-productive pour les performances d’une voiture de sport. Le nouveau brevet, consultable dans ce document PDF, montre que Tesla a finalement abandonné cette idée peu réaliste.

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Une technologie de “fan car” modernisée avec l’intelligence artificielle

Le brevet révèle un système sophistiqué inspiré des voitures à effet de sol des années 1970. Le principe consiste à utiliser des ventilateurs puissants pour aspirer l’air sous le véhicule, créant une zone de basse pression qui plaque littéralement la voiture au sol. Cette technologie est complétée par des jupes latérales rétractables qui empêchent l’air ambiant de pénétrer sous le châssis.

L’innovation de Tesla réside dans l’intégration de systèmes automatisés capables d’adapter la configuration en temps réel. Les spécifications techniques incluent :

  • Des modes adaptatifs selon la qualité de la surface de roulement
  • Un ajustement automatique basé sur le transfert de masses du véhicule
  • Une détection proactive des conditions de route à venir
  • Des réglages GPS spécifiques pour l’utilisation sur circuit

Des performances qui restent à prouver face à la concurrence

Le défi pour Tesla réside dans le fait que durant ces 8 années d’attente depuis l’annonce de la Roadster, la concurrence a largement rattrapé son retard. La Rimac Nevera R développe aujourd’hui 2 078 chevaux et atteint 300 km/h avec une accélération époustouflante. La Lotus Evija X a établi le troisième temps le plus rapide jamais réalisé sur le Nürburgring, tandis que la Xiaomi SU7 Ultra – conçue par un fabricant de smartphones – affiche 1 548 chevaux et des performances record.

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La McMurtry Spierling a déjà exploité le concept de fan car électrique avec un succès retentissant. Cette monoplace génère 2 000 kg d’appui grâce à ses ventilateurs, sur un châssis ne pesant qu’environ 1 000 kg. Elle détient actuellement le record absolu à Goodwood et a même réussi la prouesse de rouler à l’envers pour démontrer l’efficacité de son système d’aspiration.

Les défis techniques et pratiques du système Tesla

L’approche de Tesla présente néanmoins des avantages par rapport aux solutions existantes. Contrairement à la McMurtry Spierling, qui reste une voiture de course mono-usage, la Roadster se destine à un usage routier. Le système adaptatif décrit dans le brevet permettrait théoriquement de rouler sur des surfaces moins parfaites qu’un circuit préparé.

Les préoccupations pratiques demeurent importantes. La projection de graviers à haute vitesse à l’arrière du véhicule pose des questions de sécurité pour les autres usagers, même si Tesla intègre un système de filtration dans son brevet. Par ailleurs, la variation drastique des limites d’adhérence selon l’activation du système pourrait désorienter les conducteurs habitués à des comportements plus prévisibles.

VéhiculePuissanceTechnologie spécifiqueDisponibilité
Tesla RoadsterNon communiquée, estimée à 2000 chevauxFan car adaptativeInconnue (5 ans de retard)
McMurtry Spierling1000 chevauxFan car fixeProduction limitée
Rimac Nevera R2078 chevauxAérodynamique activeDisponible

Une promesse qui pourrait enfin voir le jour

David Lemire, l’un des ingénieurs listés sur le brevet, a travaillé à la fois chez Tesla et SpaceX avant de revenir chez Tesla au sein de l’équipe “nouveaux programmes”. Cette expertise croisée suggère une approche plus mature que les déclarations fantaisistes du passé.

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Le système pourrait également équiper d’autres modèles Tesla, notamment la Model S Plaid qui a déjà établi plusieurs records sur circuit. Cette diversification d’application rendrait le développement plus rentable et justifierait les investissements considérables nécessaires.

Reste la question cruciale : Tesla finalisera-t-elle enfin cette Roadster tant attendue ? Avec un retard de 5 ans sur le calendrier initial de 2020 et une concurrence qui a largement démontré le potentiel des véhicules électriques haute performance, l’entreprise d’Elon Musk devra convaincre que l’attente en valait la peine. Ce brevet représente au moins un signe tangible que le projet n’a pas été totalement abandonné, contrairement aux rumeurs persistantes dans l’industrie.

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