La Chine, leader mondial de la mobilité électrique, redouble d’efforts pour stimuler les ventes de véhicules électriques sur son marché intérieur. Une nouvelle politique gouvernementale visant à accélérer la transition vers des transports plus propres offre désormais des incitations financières encore plus généreuses aux consommateurs chinois prêts à troquer leur voiture thermique contre un modèle électrique. Plongeons dans les détails de cette initiative ambitieuse et ses implications pour l’industrie automobile mondiale.
Un plan de subventions renforcé pour booster les ventes
Le gouvernement chinois vient d’annoncer une augmentation significative des aides à l’achat de “véhicules à nouvelle énergie” (NEV), un terme qui englobe les voitures 100% électriques et les hybrides rechargeables. Cette décision intervient dans un contexte de ralentissement économique et vise à stimuler la consommation tout en accélérant la transition énergétique du pays.
Concrètement, si vous êtes un consommateur chinois et que vous décidez de remplacer votre ancien véhicule thermique par un modèle électrique, vous pouvez désormais bénéficier d’une subvention pouvant atteindre 20 000 yuans (environ 2 770 euros). Ce montant est doublé par rapport aux aides précédemment en vigueur.
Les conditions pour bénéficier de cette prime sont les suivantes :
Le véhicule thermique à remplacer doit avoir été immatriculé avant le 30 avril 2018
Si le moteur du véhicule remplacé a une cylindrée inférieure ou égale à 2,0 litres, la subvention est légèrement réduite à 15 000 yuans (environ 2 075 euros)
Cette nouvelle mesure est valable jusqu’à la fin de l’année 2024, offrant ainsi une fenêtre d’opportunité intéressante pour les consommateurs chinois désireux de passer à l’électrique.
Un cocktail d’incitations fiscales pour maximiser l’impact
Il est important de noter que cette prime à la conversion vient s’ajouter à d’autres avantages fiscaux déjà en place pour l’achat de véhicules électriques en Chine. En effet, depuis mi-2023, le pays a mis en place une exemption de taxe pouvant aller jusqu’à 30 000 yuans (environ 4 138 euros) sur l’achat d’un NEV.
En combinant ces deux dispositifs, un acheteur chinois peut donc bénéficier d’une réduction totale allant jusqu’à 50 000 yuans (environ 6 908 euros) sur l’acquisition d’un véhicule électrique. Bien que ce montant reste inférieur aux incitations proposées aux États-Unis, il représente une économie substantielle pour les consommateurs chinois, surtout dans un pays où le revenu moyen est plus faible qu’en Occident.
Ce regain de générosité de la part du gouvernement chinois peut surprendre, car le pays avait mis fin à son programme national de subventions directes pour les NEV en 2022. Cependant, face à une demande plus faible que prévue et dans un contexte économique difficile, les autorités ont choisi de relancer ces incitations pour soutenir le secteur automobile et accélérer la transition énergétique.
Un marché électrique chinois en pleine mutation
Malgré sa position de leader mondial, le marché des voitures électriques en Chine connaît actuellement une période de transition. Après des années de croissance explosive, les ventes ont connu un ralentissement progressif depuis la pandémie de COVID-19. Cette situation s’inscrit dans un contexte économique plus large, marqué par un ralentissement de la croissance et une crise immobilière qui pèse sur la confiance des consommateurs.
Néanmoins, les chiffres restent impressionnants. En mai dernier, les véhicules rechargeables (électriques et hybrides) représentaient 47% des ventes de voitures neuves en Chine, un record absolu. Cette performance témoigne de l’avance considérable prise par le pays dans le domaine de la mobilité électrique.
Le paysage automobile chinois a également connu des bouleversements majeurs ces dernières années. Les constructeurs occidentaux et asiatiques, qui avaient longtemps misé sur le marché chinois pour assurer leur croissance, se retrouvent désormais face à une concurrence locale féroce. Les marques chinoises ont en effet considérablement progressé en termes de qualité et d’innovation, grignotant des parts de marché aux acteurs étrangers.
L’expansion internationale des constructeurs chinois
Au-delà de son marché intérieur, la Chine affiche clairement ses ambitions mondiales dans le domaine des véhicules électriques. Les constructeurs chinois, forts de leur expérience sur un marché domestique ultra-compétitif, se lancent à l’assaut des marchés internationaux avec une offre de plus en plus attractive.
Des marques comme BYD, NIO ou XPeng font désormais leur entrée en Europe et dans d’autres régions du monde, proposant des modèles électriques innovants à des prix souvent compétitifs. Cette offensive chinoise inquiète les constructeurs traditionnels, qui voient leur leadership technologique et commercial menacé.
La stratégie chinoise ne se limite pas à l’exportation de véhicules. Le pays a également investi massivement dans la chaîne d’approvisionnement des batteries, s’assurant ainsi une position dominante dans ce secteur crucial pour l’avenir de l’automobile.
Les implications pour l’industrie automobile mondiale
La nouvelle politique de subventions en Chine et l’expansion internationale des constructeurs chinois posent un défi majeur pour l’industrie automobile mondiale. Les États-Unis et l’Europe, en particulier, se retrouvent dans une course contre la montre pour ne pas se laisser distancer dans la transition vers la mobilité électrique.
Aux États-Unis, l’avenir des incitations fiscales pour les véhicules électriques est actuellement au cœur des débats politiques, avec des implications potentiellement importantes pour l’élection présidentielle de 2024. En Europe, les constructeurs traditionnels accélèrent leur transformation, mais font face à une concurrence chinoise de plus en plus pressante.
Face à cette situation, plusieurs questions se posent :
Les constructeurs occidentaux pourront-ils rattraper leur retard technologique et industriel dans le domaine des batteries et des véhicules électriques ?
Les gouvernements occidentaux adopteront-ils des politiques de soutien aussi agressives que la Chine pour stimuler leur industrie automobile nationale ?
Comment l’industrie automobile mondiale va-t-elle se recomposer face à la montée en puissance des acteurs chinois ?
Une chose est sûre : la Chine ne compte pas relâcher ses efforts dans la course à la mobilité électrique. Avec ces nouvelles subventions, le pays envoie un signal fort à l’industrie mondiale et réaffirme sa volonté de dominer ce secteur stratégique. Pour les consommateurs chinois, c’est une aubaine qui devrait accélérer encore davantage l’adoption des véhicules électriques. Pour le reste du monde, c’est un défi majeur qui nécessitera des réponses audacieuses et rapides pour ne pas se laisser distancer dans cette révolution automobile.
Rédigé par François Zhang-Ming
J'ai toujours montré un vif intérêt pour les sciences et les technologies dès mon plus jeune âge. Je possède une double culture, chinoise par ma mère et française par mon père mais aussi par mes études, ce qui me permet d'être très familier avec les innovations technologiques de l'extrême orient.
Le marché des voitures électriques en France subit un bouleversement majeur avec l’entrée en vigueur immédiate de nouvelles mesures gouvernementales. […]
Réagissez à l'article
