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Le diesel et l’essence font leur grand retour face à la voiture électrique

Philippe Moureau

L’évolution du marché automobile européen a pris un tournant inattendu ces derniers temps, révélant une réalité surprenante : loin de s’éclipser face au développement durable et à l’essor des véhicules électriques, les moteurs thermiques, essence comme diesel, affichent une résistance remarquable. Ce phénomène soulève de nombreuses questions et témoigne d’une dynamique de marché complexe, influencée par des facteurs variés.

La transition énergétique en question

Le marché automobile européen traverse une période de turbulence. En 2023, l’arrêt des subventions à l’achat en Allemagne, entre autres, a engendré une baisse notable des ventes de voitures électriques, redonnant ainsi de la vigueur aux moteurs thermiques, un constat qui se maintient sur le début de l’année 2024 également.

Cette situation a semé le doute quant à la faisabilité des objectifs européens de mettre un terme aux ventes de nouveaux véhicules thermiques d’ici 2035. Plusieurs constructeurs, ayant amorcé leur virage vers l’électrique, se trouvent désormais dans une impasse, confrontés à un déséquilibre entre l’offre et la demande.

Le thermique garde le cap

Les consommateurs jouent un rôle prépondérant dans cette équation. Leurs préférences, toujours majoritairement orientées vers les modèles thermiques pour diverses raisons, influencent directement les stratégies des constructeurs. Mercedes comme Aston Martin, par exemple, a clairement indiqué que le marché et les clients définiraient le rythme de la transition énergétique. Cette position souligne l’écart grandissant entre la demande réelle et l’offre de véhicules, accentué par des normes réglementaires strictes et la perspective de l’interdiction des véhicules thermiques.

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Le début de l’année 2024 a été marqué par une domination toujours présente des moteurs thermiques dans l’Union européenne, avec une remontée notable du diesel. Les véhicules essence, hybrides, et diesel représentent ensemble une part significative des ventes, tandis que les voitures électriques et hybrides rechargeables peinent à s’imposer dans la plupart des pays, sauf en France, étrangement, ou les ventes continuent d’augmenter progressivement.

Malgré cette croissance des ventes de véhicules électriques chez nous, des géants comme Volkswagen continuent d’investir dans des modèles équipés de moteurs diesel et essence. Cette tendance, à contre-courant des efforts de décarbonisation, révèle la complexité du marché et les défis auxquels les constructeurs sont confrontés. Les contraintes réglementaires, telles que l’indicateur CAFE, exacerbent la situation, limitant la capacité des marques à répondre efficacement aux attentes des consommateurs.

Graphique ACEA des parts de marché des différents types de véhicules en Europe.
Petrol : Essence – HEV : Hybridation légère et non rechargeable – BEV : 100% électrique – PHEV : Hybride rechargeable

Le choix des consommateurs

La préférence pour les moteurs thermiques s’explique par plusieurs facteurs pratiques et économiques. Malgré un surcoût à l’achat des voitures électriques, si on met de côté l’anxiété du manque d’autonomie et la durabilité des batteries, les inquiétudes concernant leur valeur résiduelle demeurent. La volatilité et la dépréciation rapide des modèles électriques, comme ceux d’Audi et de Mercedes par exemple sans oublier Tesla qui impacte très fortement le marché plusieurs fois par an en jouant la valse des prix, ont conduit des acteurs majeurs de la location à réévaluer leur stratégie. Ces derniers favorisent désormais les véhicules thermiques, jugés plus fiables du point de vue de la valeur résiduelle.

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Cette situation met en lumière les défis auxquels est confrontée l’industrie automobile dans sa quête d’une mobilité plus propre. La persistance du moteur thermique, loin d’être un simple sursis, reflète une réalité de marché complexe où les considérations pratiques et économiques des consommateurs jouent un rôle crucial. Alors que l’horizon 2035 approche, l’industrie et les régulateurs devront trouver un équilibre entre ambitions environnementales et réalités économiques pour naviguer cette transition énergétique incertaine. La route vers une mobilité durable s’annonce semée d’embûches, mais aussi de possibilités d’innovation et d’adaptation.

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