Recharge voiture électrique

Une start-up française teste la recharge par induction

Alexandra Dujonc

La recharge par induction divise le monde automobile. Certains conducteurs estiment qu’elle représente une complexité inutile, tandis que d’autres y voient l’avenir de la mobilité électrique. La start-up française Up&Charge fait clairement partie de la seconde catégorie et s’apprête à prouver la viabilité de sa technologie dans un contexte professionnel exigeant : une gendarmerie de Seine-et-Marne.

La recharge sans fil : entre promesses et réalité technique

La technologie de recharge par induction n’est pas révolutionnaire en soi. Elle repose sur un principe physique éprouvé : la transmission d’énergie entre deux bobines grâce à un champ magnétique. L’une se trouve encastrée dans le sol, l’autre fixée sous le véhicule. Cette approche élimine totalement le besoin de manipulation d’un câble de recharge.

En France, plusieurs expérimentations ont déjà eu lieu. Renault s’est associé dès 2021 avec ElectReon pour tester la recharge dynamique sur le circuit de Satory. Stellantis a mené ses propres essais en 2023 sur les Peugeot e-208 et Fiat 500e dans ses centres techniques. Plus récemment, Lyon a collaboré avec la société norvégienne IPT Technology pour un projet pilote urbain. Ces initiatives sont restées confidentielles ou limitées à des démonstrateurs technologiques, sans déboucher sur une commercialisation.

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Up&Charge mise sur les flottes professionnelles

Fondée en 2021, Up&Charge développe un système complet comprenant une borne intégrée au sol et un récepteur installé sous le véhicule. Selon Marin Champenois, CEO de l’entreprise, nombreux véhicules ne sont pas rechargés non pas par manque d’infrastructure, mais parce que le geste de branchement est perçu comme contraignant.

L’entreprise concentre ses efforts sur les flottes d’entreprises, où la recharge représente un véritable défi logistique. Contrairement aux particuliers qui peuvent facilement installer une borne domestique, les professionnels doivent repenser leurs infrastructures et engager des travaux coûteux. La technologie d’Up&Charge utilise le courant continu avec des vitesses de charge pouvant être trois fois supérieures à certains chargeurs AC classiques.

  • Élimination des manipulations physiques pour les utilisateurs
  • Accessibilité renforcée pour les personnes à mobilité réduite
  • Disponibilité maximale des véhicules professionnels
  • Pertes d’énergie réduites par rapport au courant alternatif domestique

Expérimentation en gendarmerie : un test grandeur nature

Après un premier projet pilote à Saint-Quentin-en-Yvelines, la gendarmerie d’Esbly en Seine-et-Marne va tester la solution d’Up&Charge en partenariat avec le ministère de l’Intérieur. L’expérimentation implique un Peugeot 3008 hybride rechargeable équipé d’un récepteur sous le châssis et une place de stationnement dotée d’un socle de recharge intégré.

Le principe opérationnel est simple : à chaque retour à la caserne, le véhicule se recharge automatiquement sans intervention des agents. Cette automatisation présente un avantage crucial pour les forces de l’ordre, où la disponibilité immédiate des véhicules peut s’avérer critique lors d’interventions d’urgence. L’entreprise collectera des données précises sur l’utilisation quotidienne pour valider son approche sur le terrain.

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Coûts et perspectives de démocratisation

La start-up communique un tarif de 4 500 euros pour le système au sol et 500 euros pour le récepteur véhicule, pose comprise. Ces montants restent élevés mais devraient diminuer avec l’industrialisation progressive de la technologie.

ComposantPrixInstallation
Système au sol4 500 €Incluse
Récepteur véhicule500 €Incluse

Up&Charge prévoit une campagne de financement participatif en 2025 pour cibler les particuliers, avec des premières livraisons annoncées pour 2026. L’entreprise a déjà levé 1,5 million d’euros et discute avec d’autres institutions publiques pour étendre ses expérimentations.

Les défis de la standardisation et de l’adoption

La démocratisation de la recharge par induction se heurte à plusieurs obstacles structurels. La standardisation entre constructeurs automobiles représente un enjeu majeur, car chaque marque développe actuellement ses propres spécifications techniques. L’adaptation des véhicules existants nécessite des modifications importantes du châssis pour intégrer les récepteurs.

Le retour sur investissement reste incertain pour les utilisateurs, particulièrement dans un contexte où les bornes de recharge classiques continuent de se déployer rapidement. La recharge par induction devrait donc rester complémentaire des solutions filaires à court terme, en se concentrant sur des niches d’utilisation spécifiques comme les flottes professionnelles ou les applications urbaines.

L’initiative d’Up&Charge démontre que la France dispose d’acteurs technologiques capables de rivaliser avec les leaders internationaux comme WiTricity aux États-Unis ou IPT Technology en Norvège. Le succès de l’expérimentation en gendarmerie pourrait ouvrir la voie à un déploiement plus large dans les services publics et les entreprises françaises, positionnant le pays comme un acteur de référence dans cette technologie émergente.

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