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Les voitures thermiques vont-elles vraiment disparaître en 2035 ?

Albert Lecoq

L’industrie automobile européenne traverse une période de bouleversements sans précédent. La transition vers les véhicules électriques, longtemps annoncée, est désormais une réalité concrète qui soulève de nombreuses questions et défis. Entre ambitions écologiques, contraintes économiques et rivalités géopolitiques, le paysage automobile du Vieux Continent est en pleine mutation. Plongeons au cœur de cette révolution qui ne fait pas l’unanimité.

L’Europe accélère sur l’électrique, mais à quel prix ?

Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a récemment sonné le rappel des troupes. Son message aux constructeurs automobiles est clair : il faut accélérer la cadence pour atteindre l’objectif de 2035, date butoir pour la fin des ventes de véhicules thermiques neufs dans l’Union européenne. Cette échéance, qui semblait lointaine il y a encore quelques années, apparaît aujourd’hui comme un véritable défi pour l’industrie.

La transition vers l’électrique nécessite des investissements colossaux, tant pour les constructeurs que pour les infrastructures. Le développement des réseaux de recharge, la production de batteries, l’approvisionnement en matières premières stratégiques : autant de chantiers titanesques qui doivent être menés de front. Et le temps presse.

  • Développement des réseaux de recharge rapide
  • Sécurisation des approvisionnements en batteries et matières premières
  • Formation des travailleurs aux nouvelles technologies
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Face à ces défis, certains pays, comme l’Italie, commencent à émettre des réserves. Les ministres italiens poussent pour avancer la clause de revoyure sur l’arrêt des moteurs thermiques de 2026 à 2025. Leur argument ? Une “vision pragmatique” est nécessaire pour éviter l’échec d’une approche jugée trop “idéologique”.

La menace chinoise et les tensions commerciales

L’Europe ne fait pas sa révolution électrique en vase clos. La concurrence internationale, en particulier chinoise, pèse lourdement sur les perspectives du secteur. Pékin a pris une avance considérable dans la production de véhicules électriques abordables, mettant sous pression les constructeurs européens.

Face à cette menace, l’Union européenne a décidé de réagir en imposant des droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures électriques chinoises. Une mesure qui a provoqué la colère de Pékin, prêt à négocier pour éviter une guerre commerciale.

Voici un aperçu des nouvelles taxes appliquées aux différents constructeurs :

FabricantNouvelle taxeDroit antérieurTotal (avec 10% de base)
BYD17%17%27%
Geely18,8%19,3%28,8%
SAIC35,3%36,3%45,3%
Tesla7,8%9%17,8%
Autres entreprises collaboratrices20,7%21,3%30,7%
Autres entreprises non collaboratrices35,3%36,3%45,3%

Ces mesures visent à protéger l’industrie européenne, mais soulèvent des questions sur la compétitivité à long terme du secteur. L’Europe sera-t-elle capable de produire des voitures électriques abordables “made in EU” pour concurrencer les modèles chinois ?

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Les constructeurs face à la tempête : l’exemple Volkswagen

La transition vers l’électrique ne se fait pas sans heurts pour les constructeurs historiques. Le groupe Volkswagen, géant européen de l’automobile, traverse actuellement une période difficile. Confronté à une baisse des ventes globales et à une concurrence accrue sur le segment électrique, le constructeur allemand cherche des solutions pour éviter la fermeture d’usines.

Les négociations avec les syndicats sont tendues. L’une des pistes envisagées est le passage à la semaine de quatre jours dans certaines usines. Une mesure qui permettrait d’éviter des licenciements massifs, mais qui témoigne des difficultés d’adaptation du secteur.

Cette situation n’est pas propre à Volkswagen. De nombreux constructeurs européens doivent repenser leur modèle économique et industriel pour faire face à cette transition. Entre investissements massifs dans l’électrique et nécessité de préserver l’emploi, l’équation est complexe.

L’appel à un plan d’action industriel européen

Face à ces défis, l’Europe prend conscience de la nécessité d’une stratégie industrielle coordonnée. Mario Draghi, ancien Premier ministre italien mandaté par la Commission européenne, a récemment appelé à la rédaction d’un “plan d’action industriel pour le secteur” automobile.

Ce plan devrait aborder plusieurs aspects cruciaux :

  • Le soutien à l’innovation et à la R&D dans les technologies de batteries
  • Le développement d’une filière européenne de production de batteries
  • L’accompagnement des sous-traitants dans leur transition
  • La formation et la reconversion des travailleurs du secteur
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L’objectif est clair : éviter que l’Europe ne sombre dans une “lente agonie” industrielle face à la concurrence internationale. Mais la mise en œuvre d’un tel plan nécessitera un consensus politique qui semble encore difficile à atteindre.

Vers un avenir électrique, mais à quelle vitesse ?

La transition vers les voitures électriques en Europe est lancée, mais son rythme et ses modalités font débat. Entre l’urgence climatique qui pousse à accélérer et les réalités économiques et sociales qui incitent à la prudence, l’équilibre est délicat à trouver.

Les prochains mois seront cruciaux pour définir la trajectoire de cette transition. Le sommet prévu le 25 septembre en Hongrie sera l’occasion pour les pays européens de confronter leurs visions et, peut-être, de trouver un compromis.

Une chose est sûre : l’industrie automobile européenne est à un tournant de son histoire. Sa capacité à relever le défi de l’électrification tout en préservant sa compétitivité et ses emplois déterminera en grande partie l’avenir industriel du continent.

Dans ce contexte, vous, automobilistes européens, êtes au cœur de cette révolution. Vos choix de consommation, vos attentes en termes de mobilité et votre sensibilité aux enjeux environnementaux façonneront le paysage automobile de demain. La route vers un parc automobile 100% électrique est encore longue et semée d’embûches, mais elle semble désormais inéluctable. Reste à savoir à quelle vitesse l’Europe parviendra à négocier ce virage technologique et industriel majeur.

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