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La voiture électrique fait perdre des milliards à la France : qui va payer la note ?

Albert Lecoq

La transition vers la mobilité électrique bouleverse profondément l’économie française. Les recettes fiscales générées par la vente de carburants, pilier historique du budget de l’État, s’effritent progressivement face à l’essor des véhicules zéro émission. Une étude récente de la direction générale du Trésor dresse un tableau préoccupant des conséquences financières de cette révolution énergétique.

Un manque à gagner colossal pour les finances publiques

Les chiffres sont édifiants : les pertes fiscales pourraient atteindre 13 milliards d’euros dès 2030, date à laquelle les voitures électriques devraient représenter un tiers du parc automobile français. Cette estimation se base sur la différence marquée entre la taxation des carburants fossiles et celle de l’électricité. La TICPE (taxe sur les produits pétroliers) rapporte actuellement 52 euros par MWh, alors que la TICFE (taxe sur l’électricité) ne génère que 22 euros par MWh.

La situation s’annonce encore plus critique à long terme. Les projections pour 2050 font état d’une perte vertigineuse de 33 milliards d’euros sur les produits fossiles, compensée très partiellement par seulement 3 milliards de recettes supplémentaires liées à l’électricité.

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L’exemple norvégien : un avertissement pour la France

La Norvège nous offre un aperçu concret de ce qui nous attend. Premier pays au monde en termes d’adoption des véhicules électriques, avec plus de 90% des ventes de voitures neuves, le pays scandinave fait déjà face à une érosion significative de ses recettes fiscales dans le secteur automobile.

  • Le parc automobile norvégien compte désormais plus de 30% de véhicules électriques
  • Les revenus fiscaux liés aux transports diminuent année après année
  • Les infrastructures de recharge se multiplient mais génèrent des revenus limités

Les solutions envisagées pour combler le déficit

Face à cette situation, plusieurs pistes sont à l’étude pour maintenir l’équilibre budgétaire sans compromettre la transition écologique. Les experts préconisent une approche progressive et diversifiée :

MesureImpact estiméCalendrier possible
Réduction progressive des bonus écologiques2-3 milliards d’économies2025-2030
Nouvelle vignette automobile4-5 milliards de recettes2026-2027
Ajustement de la TICFE6-8 milliards de recettes2028-2030

Les répercussions sur le portefeuille des Français

Les automobilistes français devront probablement s’adapter à de nouvelles formes de contribution. Si la recharge électrique à domicile reste actuellement avantageuse, avec un coût moyen de 4 € pour 100 km contre 10 à 12 € en thermique, cet avantage pourrait s’amenuiser. L’introduction d’une fiscalité spécifique aux véhicules électriques semble inévitable pour préserver les services publics financés jusqu’ici par les taxes sur les carburants.

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La transition écologique dans le secteur automobile représente un défi majeur pour les finances publiques françaises. L’équation à résoudre est complexe : maintenir l’attractivité des véhicules électriques tout en assurant la pérennité des ressources de l’État. Les années à venir verront certainement émerger un nouveau modèle fiscal adapté à cette réalité énergétique transformée.

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