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La sécurité de la voiture électrique Xiaomi testée… avec une pastèque

Alexandra Dujonc

Le PDG de Xiaomi, Lei Jun, vient de marquer les esprits avec une démonstration pour le moins originale de la robustesse des batteries équipant la nouvelle SU7 Ultra. Loin des présentations conventionnelles en salle d’exposition, c’est depuis le sommet d’un immeuble de six étages que la preuve a été faite. Un geste qui illustre la confiance du constructeur chinois dans sa technologie, mais qui soulève aussi des questions sur les nouvelles stratégies marketing dans un secteur en pleine mutation.

Une pastèque comme cobaye

Lei Jun n’a pas fait dans la demi-mesure pour démontrer la résistance du revêtement protecteur des batteries de la SU7 Ultra. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux chinois, le PDG de Xiaomi a tout simplement enveloppé trois pastèques dans le matériau gris “pare-balles” qui protège les batteries, avant de les laisser tomber du sixième étage d’un bâtiment situé sur le campus industriel de la marque à Pékin.

Le résultat est saisissant : alors qu’une pastèque ordinaire se serait littéralement explosée au contact du sol, celles protégées par la technologie Xiaomi sont restées pratiquement intactes après l’impact. Une façon visuelle et percutante de démontrer l’efficacité du revêtement contre les perforations, déchirures et abrasions.

Cette approche peu conventionnelle reflète bien la philosophie d’une entreprise tech qui s’aventure dans l’automobile avec ses codes propres. Lei Jun, surnommé “Leibs” par ses fans, jouit d’une popularité considérable en Chine avec plus de 44 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux et plus de 210 millions de “j’aime” sur ses 490 vidéos.

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La SU7 Ultra : un concentré de technologies à prix compétitif

Commercialisée depuis février 2023, la Xiaomi SU7 Ultra se positionne clairement sur le segment du luxe électrique avec un prix avoisinant les 75 000 dollars (environ 69 000 euros). Ce modèle haut de gamme a connu un démarrage fulgurant avec plus de 10 000 commandes enregistrées dans les deux premières heures de sa mise en vente.

Fait intéressant révélé par Lei Jun : une part significative des acheteurs de la SU7 sont des femmes âgées de 30 à 35 ans, un segment démographique convoité par tous les constructeurs premium.

Les caractéristiques techniques de la SU7 Ultra impressionnent :

  • Une puissance maximale de 578 kW, soit l’équivalent de 787 chevaux
  • Une accélération de 0 à 100 km/h en 2,8 secondes
  • Une autonomie annoncée de plus de 800 kilomètres en cycle chinois CLTC
  • Une architecture 800V permettant une recharge ultrarapide

Mais c’est probablement sur le terrain de la sécurité que Xiaomi cherche désormais à se démarquer, avec cette protection “pare-balles” qui offrirait des performances bien supérieures aux normes habituelles lors des crash-tests.

Xiaomi : quand un géant des smartphones bouleverse l’automobile

L’entrée de Xiaomi dans le secteur automobile illustre parfaitement la tendance actuelle où les frontières entre technologies grand public et industrie automobile s’estompent. Ce géant chinois, surtout connu pour ses smartphones, a expédié 168,5 millions d’unités l’année dernière, ce qui en fait la troisième marque mondiale avec plus de 10% de parts de marché.

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Cette expertise dans l’électronique grand public, la gestion des batteries et les interfaces utilisateurs constitue un atout majeur pour développer des voitures électriques innovantes. Xiaomi applique sa philosophie de produits technologiquement avancés à prix compétitifs au monde automobile, et le résultat semble séduire.

La maîtrise des technologies de batterie est particulièrement stratégique. Les problèmes d’incendie de batteries ayant émaillé les débuts des véhicules électriques restent dans les mémoires, et Xiaomi semble avoir compris que rassurer le public sur cet aspect était crucial pour conquérir le marché.

La Chine en pole position de l’innovation électrique

Cette démonstration spectaculaire s’inscrit dans un contexte plus large où les constructeurs chinois prennent une avance considérable dans l’écosystème des véhicules électriques. Soutenus par une politique gouvernementale volontariste et des investissements massifs, ces nouveaux acteurs bénéficient d’un accès privilégié aux ressources critiques pour les batteries.

Le cas de Xiaomi illustre parfaitement cette dynamique : une entreprise tech qui devient constructeur automobile en quelques années, avec une intégration verticale impressionnante. De la conception du véhicule à la production des batteries, en passant par le développement logiciel, tout est maîtrisé en interne.

Ce modèle fait trembler les constructeurs occidentaux qui peinent à transformer leur organisation historique. Comme le note un commentateur influent du secteur : “Tout cela est possible grâce à la concentration laser du gouvernement chinois pour soutenir les véhicules électriques, les batteries et les énergies renouvelables, alors que nous continuons à en faire une question politique aux États-Unis”.

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Un marketing disruptif pour un marché en pleine effervescence

La méthode de communication choisie par Lei Jun pour démontrer la sécurité des batteries Xiaomi n’est pas anodine. Elle marque une rupture avec les communications traditionnelles des constructeurs automobiles, souvent jugées trop consensuelles ou techniques.

En optant pour une démonstration visuelle frappante, facilement partageable sur les réseaux sociaux, Xiaomi applique les codes marketing du secteur tech à l’automobile. Cette approche semble particulièrement efficace pour toucher une nouvelle génération de consommateurs, plus sensible à l’expérience qu’aux fiches techniques.

Le test de la pastèque lancée du sixième étage fait écho aux célèbres démonstrations de Gorilla Glass par Corning ou aux tests de résistance d’iPhone sur YouTube. Il s’agit de montrer plutôt que de dire, de marquer les esprits par une image forte plutôt que par un discours technique.

Cette stratégie marketing pourrait bien forcer les constructeurs traditionnels à revoir leur communication, historiquement plus formelle et moins directe. Dans un marché où chaque nouveau modèle électrique chinois semble repousser les limites, la bataille de l’image devient aussi importante que celle de la technologie.

Les constructeurs occidentaux doivent désormais faire face à une double menace : des véhicules électriques chinois techniquement avancés, proposés à des prix compétitifs, et promus par un marketing innovant qui parle directement aux consommateurs. La pastèque qui survit à une chute de six étages devient ainsi le symbole d’une industrie automobile en pleine transformation.

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