Le marché européen des voitures de luxe s’apprête à accueillir un nouveau concurrent de taille. Denza, la division haut de gamme du géant chinois BYD, confirme son arrivée imminente en Europe et notamment en France. Après des apparitions remarquées dans plusieurs salons automobiles internationaux, la marque passe à l’offensive avec une stratégie ambitieuse ciblant directement les constructeurs premium européens, Porsche en tête. Un déploiement qui s’annonce méthodique, avec une gamme de véhicules électriques aux performances impressionnantes qui pourraient bousculer la hiérarchie établie.
Une entrée en scène progressive et calculée
Si vous avez visité le salon automobile de Munich à l’automne 2023, vous avez peut-être remarqué le monospace Denza D9 exposé sur le stand BYD. Cette première apparition européenne marquait les prémices d’une stratégie d’expansion désormais confirmée. La marque chinoise a préféré temporiser son lancement pour consolider d’abord le réseau de sa maison-mère BYD.
Le plan de déploiement pour la France est maintenant clarifié : 40 concessions dédiées seront implantées d’ici 2027. Un chiffre qui témoigne d’ambitions réalistes face aux difficultés historiques rencontrées par les marques asiatiques premium sur le Vieux Continent — Lexus peut en témoigner après des décennies d’efforts pour s’établir durablement face aux BMW, Mercedes et Audi.
Contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, le monospace D9 ne sera pas le fer de lance de cette offensive européenne. BYD a judicieusement analysé le marché continental où les grandes berlines et SUV restent les symboles privilégiés du luxe automobile, les monospaces souffrant d’une image moins prestigieuse auprès des acheteurs européens fortunés.
La Z9 GT : une berline électrique aux performances surpuissantes
Pour son entrée sur le marché européen, Denza mise sur la Z9 GT, une berline électrique qui ne cache pas ses ambitions face à la Porsche Taycan. Ses caractéristiques techniques parlent d’elles-mêmes :
Une configuration à trois moteurs électriques développant jusqu’à 710 kW (966 ch) dans sa version la plus puissante
Une déclinaison hybride rechargeable de 640 kW (870 ch) également au catalogue
Un positionnement tarifaire estimé au-delà des 100 000 euros, en cohérence avec son segment
Cette puissance phénoménale place d’emblée la Z9 GT parmi les berlines électriques les plus performantes du marché. Un positionnement cohérent quand on sait que la BYD Han, pourtant située un cran en-dessous dans la hiérarchie du groupe, s’affiche déjà à 70 800 euros sur le marché français.
La Z9 GT incarne parfaitement la vision de Denza : proposer des véhicules électriques alliant technologie de pointe et performances exceptionnelles, capable de rivaliser avec l’élite automobile européenne sur son propre terrain.
Une offensive multi-segments préparée de longue date
L’arrivée de la Z9 GT ne constitue que la première phase d’une stratégie d’expansion plus large. Le catalogue chinois de Denza comprend déjà plusieurs modèles qui pourraient progressivement intégrer la gamme européenne :
Les ambitions ne s’arrêtent pas là puisque la marque prévoit également le lancement d’une sportive pure, confirmant sa volonté de concurrencer Porsche sur tous les segments. Denza servira également de canal de distribution pour les modèles de Fang Cheng Bao, autre marque du groupe BYD, à l’extérieur de la Chine.
L’héritage contesté de Mercedes-Benz
L’histoire de Denza présente une particularité que la marque aurait sans doute souhaité mettre davantage en avant : sa création en 2010 résulte initialement d’une joint-venture entre BYD et Mercedes-Benz. Le constructeur allemand s’est toutefois progressivement désengagé de l’aventure, pour finalement se retirer complètement l’année dernière.
Cette filiation avec “l’inventeur de l’automobile” avait pourtant été mise en avant lors de la présentation munichoise de 2021, Denza se définissant alors comme “une marque née de l’union de l’inventeur de l’automobile avec le leader du véhicule électrifié”. Un argument marketing qui aurait pu séduire la clientèle européenne attachée à l’héritage des constructeurs historiques, mais qui ne pourra plus être exploité.
Cette séparation n’a visiblement pas freiné les ambitions internationales de Denza, qui mise désormais sur ses propres forces technologiques et financières pour conquérir l’Europe.
Les défis d’un marché premium en pleine mutation
L’arrivée de Denza en Europe s’inscrit dans un contexte particulier pour le segment premium. Les constructeurs établis accélèrent leur transition électrique face aux réglementations de plus en plus strictes, tandis que de nouveaux acteurs comme Tesla ont prouvé qu’il était possible de bousculer la hiérarchie traditionnelle.
Pour réussir son implantation, Denza devra surmonter plusieurs obstacles :
Convaincre une clientèle européenne traditionnellement fidèle aux marques historiques
Établir un réseau de distribution et de service capable de répondre aux exigences élevées du segment premium
Affronter les préjugés persistants concernant la qualité des véhicules chinois, malgré les progrès considérables réalisés
La marque bénéficie néanmoins d’atouts considérables : la puissance financière et technologique de BYD, leader mondial des batteries électriques, une gamme déjà étoffée et des véhicules aux caractéristiques techniques impressionnantes.
L’offensive chinoise sur le marché premium européen prend donc une nouvelle dimension avec Denza. Alors que la plupart des constructeurs chinois ont d’abord ciblé les segments d’entrée et de milieu de gamme, BYD montre sa confiance en attaquant directement le haut du panier avec des véhicules de plus de 900 chevaux et des ambitions clairement affichées face aux fleurons européens.
Les prochains mois nous diront si les amateurs européens de berlines sportives sont prêts à confier leur argent et leur passion à cette nouvelle venue venue d’Orient, mais une chose est certaine : la concurrence s’intensifie dans un segment autrefois imperméable aux nouvelles marques.
Rédigé par François Zhang-Ming
J'ai toujours montré un vif intérêt pour les sciences et les technologies dès mon plus jeune âge. Je possède une double culture, chinoise par ma mère et française par mon père mais aussi par mes études, ce qui me permet d'être très familier avec les innovations technologiques de l'extrême orient.
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