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Cette citadine électrique chinoise fait réellement trembler les constructeurs européens

François Zhang-Ming

La voiture la plus vendue en Chine coûte moins cher qu’une citadine thermique européenne, tout en offrant une expérience de conduite digne et des équipements modernes. Cette réalité inquiète légitimement les constructeurs occidentaux qui peinent à proposer des véhicules électriques abordables.

Alors que nous testons régulièrement des modèles électriques haut de gamme comme la Lucid Air ou la Porsche Taycan, ces innovations restent inaccessibles au grand public. Les constructeurs promettent depuis des années l’arrivée de voitures électriques abordables, mais les seuls modèles “accessibles” le sont uniquement grâce aux bonus écologiques ou aux remises importantes. En Chine, cette réalité existe déjà.

Pourquoi la BYD Dolphin Surf reste invisible à Shanghai

Paradoxalement, vous ne croiserez pas cette citadine électrique dans les rues de Shanghai, malgré son statut de voiture la plus vendue en Chine. La municipalité a mis en place une réglementation particulière pour lutter contre la congestion urbaine : les véhicules de moins de 4 mètres de long et coûtant moins de 13 000 euros sont interdits de circulation pour les résidents locaux.

Cette mesure vise à éviter que les rues du centre-ville soient envahies par des véhicules jugés trop basiques. Seuls les visiteurs peuvent conduire ces modèles dans la mégalopole. Il faut donc sortir de Shanghai pour découvrir la Dolphin Surf (Seagull de son nom officiel en Chine), ce qui explique pourquoi l’essai s’est déroulé à Suzhou, ville industrielle située à 25 minutes en train à grande vitesse.

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Un tarif défiant toute concurrence

Sur le marché chinois, cette BYD démarre à environ 7 000 euros au cours actuel. Pour contextualiser ce prix, une Honda Jazz thermique coûte 4 000 euros de plus en Chine, tout en offrant moins d’équipements technologiques. La Seagull (Dolphin Surf chez nous) embarque un écran tactile de 25 cm, des aides à la conduite de niveau 2 et bénéficie des coûts d’utilisation réduits de l’électrique.

Cette stratégie tarifaire s’inscrit dans une logique plus large du marché chinois, où les consommateurs privilégient le rapport qualité-prix. Des marques comme Xiaomi appliquent la même philosophie avec leur SU7, proposant des performances comparables à une Porsche pour le prix d’une Model 3. Les smartphones chinois Redmi ou Oppo suivent une stratégie identique face à l’iPhone.

Une expérience de conduite surprenante

Malgré ses 75 chevaux et sa batterie de 38,88 kWh, la Seagull offre une conduite cohérente et raffinée. Le 0 à 100 km/h s’effectue en 13,1 secondes, avec une vitesse maximale de 130 km/h. Ces performances modestes correspondent parfaitement à l’usage urbain visé.

Le châssis adopte une architecture classique avec des jambes McPherson à l’avant et un essieu arrière semi-indépendant. La surprise vient du réglage : la suspension offre un compromis équilibré entre confort et tenue de route, évitant l’écueil des réglages trop mous souvent reprochés aux voitures chinoises. La direction, précise et communicative, permet de négocier les virages avec assurance malgré le poids plume de 1 135 kg.

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Une cohérence dans la gamme BYD

Contrairement aux citadines bas de gamme occidentales qui font figure de parents pauvres dans leur gamme respective, la Dolphin Surf partage la même philosophie que les autres modèles BYD. L’écran de 38 cm, le logiciel d’infodivertissement et la qualité de finition restent homogènes avec les modèles plus chers comme la Seal.

Cette approche tranche avec les pratiques habituelles où la version d’entrée de gamme accumule les compromis. Ici, les différences portent essentiellement sur l’autonomie, les performances et l’espace, mais pas sur la dignité d’usage. BYD a réussi à maintenir une intégration verticale qui dépasse même celle de Tesla, expliquant en partie ces tarifs agressifs.

L’offensive européenne déjà lancée

En Europe, la Seagull arrive sous le nom de Dolphin Surf avec quelques adaptations au marché local. BYD propose même une location à 99 euros par mois, rendant l’électrique accessible à une clientèle jusqu’alors exclue de cette technologie. Même avec les droits de douane et les adaptations réglementaires qui doublent le prix d’origine, elle reste positionnée sur le segment des citadines abordables.

Les premiers essais européens confirment les qualités observées en Chine : une voiture digne, bien équipée et parfaitement adaptée à l’usage urbain. Cette stratégie pourrait séduire de nombreux automobilistes, particulièrement dans un contexte de pouvoir d’achat contraint où les constructeurs traditionnels ont abandonné les segments d’entrée de gamme.

  • Design mature évitant l’aspect gadget des citadines traditionnelles
  • Équipements technologiques complets malgré le prix serré
  • Qualité de roulage comparable aux références européennes
  • Autonomie suffisante pour l’usage urbain quotidien
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Cette démocratisation de l’électrique répond à une demande réelle. Dans un marché où les constructeurs européens proposent des modèles électriques à partir de 25 000 euros, l’arrivée de véhicules deux fois moins chers bouleverse les équilibres établis. La Seagull prouve qu’il est possible de produire une voiture électrique abordable sans sacrifier l’essentiel, remettant en question les stratégies de montée en gamme adoptées par la plupart des marques occidentales.

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