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La nouvelle Tesla Model 3 Performance ne tient pas ses promesses : un coup marketing calculé

Philippe Moureau

Après une longue période de spéculation et d’anticipation, Tesla a levé le voile le 23 avril dernier sur la nouvelle version de la Tesla Model 3 Performance. Cette révélation, finalement loin des attentes alimentées par la plupart des rumeurs, a pris de court bon nombre d’observateurs et de passionnés.

Un nom qui reste sobre

Alors que le monde entier s’attendait à une appellation flamboyante telle que “Ludicrous”, à cause du nouveau badge arrière qui vient s’installer à la place de la mention “Dual motor” surlignée de rouge, Tesla a opté pour la simplicité en conservant l’appellation “Performance”.

Ce choix peut être perçu comme un pied de nez aux attentes exagérées ou simplement comme un rappel que l’efficacité ne réside pas toujours dans l’extravagance du nom.

Des spécifications en demi-teinte

La puissance de la nouvelle Model 3 Performance a été source de nombreux débats avant même son lancement. Contrairement aux prévisions de plus de 600 chevaux, 627 chevaux exactement selon les documents coréens en fuite qui avaient homologués la puissance, la voiture affiche finalement 460 chevaux pour tout le monde… sauf pour les Etats-Unis ou celle-ci fait 510 chevaux, grâce à l’utilisation d’une batterie Panasonic avec une capacité de décharge plus importante produite sur leur propre territoire contre une batterie LG pour le reste du monde avec une production en Chine.

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Si ce chiffre reste impressionnant, il marque une baisse par rapport aux chiffres généralemetn évoqués des modèles précédents qui oscillaient entre 487 et 513 chevaux de manière plus ou moins “officielle” voire jusqu’à 530 chevaux selon divers tests indépendants.

En 2019, la version produite pour l’Europe annonçait officiellement 450 chevaux, augmentée ensuite à deux reprises grâce à des mises à jour logicielles qui annonçaient des gains de puissance de 5% à chaque fois, soit potentiellement 496 chevaux. La nouvelle version, malgré une baisse nominale (dans la communication officielle), conserve une puissance largement suffisante pour la majorité des utilisateurs.

Pourtant, Tesla annonce des puissances en nette hausse par rapport au moteur arrière de la génération précédente avec +22% de puissance continue, +32% de puissance en pic et +16% de couple maximal.

Un pas en arrière, vraiment ?

Une des régressions les plus notables concerne l’autonomie. La certification WLTP indique une baisse de 547 à 528 kilomètres. Cette diminution, bien que légère, est inhabituelle dans un secteur où les avancées technologiques sont censées rimer avec améliorations continues. La plupart des rumeurs tablaient sur un gain en terme d’efficience de quelques pourcents afin de dépasser les 560 km d’autonomie, soit un léger progrès. Ce ne sera finalement pas le cas.

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Malgré une réduction de la puissance communiqués, les performances en termes d’accélération se sont améliorées, avec un 0 à 100 km/h désormais réalisé en 3,1 secondes, contre 3,3 secondes auparavant. Cette amélioration démontre que la puissance brute n’est pas le seul facteur déterminant les performances d’un véhicule électrique.

Atteindre ce niveau de performance avec “seulement” 460 chevaux et une voiture qui approche les 2 tonnes est presque un exploit. Alors, est-ce vraiment les bons chiffres ?

Design et équipements : des nouveautés discrètes

Sur le plan esthétique et fonctionnel, la Tesla Model 3 Performance 2024 se dote de nouvelles jantes de 20 pouces, d’une suspension active (et non pilotée comme sa grande soeur la Model S) et d’une planche de bord en fibre de carbone. Bien que ces améliorations ajoutent au confort et à l’expérience de conduite, elles ne marquent pas un écart significatif avec le modèle de base, ce qui peut décevoir ceux qui cherchent une distinction plus nette dans une version haut de gamme.

Les modifications des boucliers avant et arrière sont subtiles et peuvent ne pas être immédiatement perceptibles pour un œil non averti, contrastant avec des marques comme Mercedes ou BMW où les différences entre les versions standard et sportives sont immédiatement reconnaissables, aussi bien sur une Classe A qu’une BMW série 3.

Tesla maitrise son sujet

Tesla continue de maîtriser l’art de la confidentialité. En effet, bien qu’il y a eu des déceptions à l’annonce, les informations des rumeurs se sont généralement révélées fausses ou inexactes, prouvant que la marque maitrise son sujet en gardant ses innovations sous un voile strict jusqu’à leur révélation officielle. Cette stratégie, tout en préservant l’impact de l’annonce, pose question sur la communication de la marque et son interaction avec la communauté des utilisateurs et des fans.

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Un point positif à noter est la stabilisation du prix à 55 990 euros, qui reste un tarif très compétitif dans le domaine de l’électrique mais surtout qui devient extrèmement bon marché quand on le compare aux modèles thermiques proposant des performances similaires s’approchent facilement des 80 000 à 100 000 euros, le tout sans le malus écologique, qui est depuis le 1er janvier de cet année de 60 000 € aussi bien pour une Audi RS3 qu’une BMW M3 par exemple.

Ce prix, associé aux performances et aux nouvelles fonctionnalités, peut représenter un bon rapport qualité-prix malgré les régressions notées.

La Tesla Model 3 Performance 2024 soulève autant d’enthousiasme que d’interrogations. Si elle offre des performances solides et des améliorations techniques, elle ne parvient pas totalement à se démarquer de façon significative de sa prédécesseure ou à satisfaire les attentes créées autour de ses évolutions potentielles. Tesla se repose-t-il désormais sur les lauriers ou cela fait-il justement parti de son plan afin de se laisser de la marge afin d’apporter des améliorations futures à moindre coût ?

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