Honda mise sur l’hybride alors que tout le monde ne jure que par l’électrique
Honda redéfinit sa stratégie électrifiée aux États-Unis en privilégiant les SUV hybrides grand format plutôt que les véhicules 100% électriques […]
Sommaire
Quand Stellantis annonce en 2023 son alliance avec le constructeur chinois Leapmotor, l’industrie automobile européenne observe avec attention. Après un an de commercialisation sur le marché français, les premiers résultats de cette coentreprise inédite méritent d’être analysés. Vous vous demandez si cette stratégie audacieuse peut réellement concurrencer les marques établies ? Les chiffres de vente nous donnent quelques éléments de réponse.
Les 1 500 immatriculations françaises au premier semestre 2025 placent Leapmotor dans une position surprenante. Ces ventes dépassent déjà celles de Mitsubishi, Smart ou encore Lancia sur le même territoire. Un résultat d’autant plus remarquable que la marque ne disposait d’aucune notoriété il y a encore dix-huit mois. Raphaëlle Holderith, directrice de Leapmotor France, confirme que 80 % de ces ventes concernent la petite T03, cette citadine électrique positionnée à 16 900 euros.
À l’échelle européenne, les 6 449 immatriculations entre janvier et mai représentent près de la moitié des volumes de DS, marque pourtant présente depuis plus d’une décennie. Ces performances restent modestes au regard des ambitions affichées, mais témoignent d’une réelle capacité à trouver sa clientèle dans un marché automobile européen saturé.
L’analyse de la clientèle Leapmotor révèle des surprises. Contrairement aux prévisions initiales qui ciblaient un public jeune et technophile, les acheteurs s’avèrent beaucoup plus hétérogènes. Vous pourriez croiser aussi bien un jeune conducteur de 18 ans qu’un senior de 80 ans au volant d’une T03. Cette diversité s’explique en partie par l’abandon du segment A par la plupart des constructeurs traditionnels.
Les anciens propriétaires de Dacia Spring représentent une part significative de cette clientèle, attirés par un rapport équipement-prix attractif. La T03 propose en effet un habitacle spacieux de 3,62 mètres avec une autonomie WLTP de 265 kilomètres pour un tarif inférieur à 17 000 euros, positionnement rare sur le marché actuel.
Le Leapmotor C10 REEV représente l’innovation technique la plus intéressante de la gamme. Ce SUV électrique intègre un moteur thermique 1,5 litre de 95 chevaux utilisé exclusivement comme générateur. Cette configuration permet d’obtenir une autonomie totale de 970 kilomètres tout en conservant 145 kilomètres d’autonomie purement électrique grâce à sa batterie de 28 kWh.
Cette technologie REEV (Range Extended Electric Vehicle) séduit progressivement le marché français. Selon les dernières données, les ventes du C10 REEV commencent à dépasser celles de la version purement électrique, confirmant l’appétit des automobilistes français pour les solutions hybrides sophistiquées.
| Modèle | Puissance | Batterie | Autonomie | Prix |
|---|---|---|---|---|
| T03 | 95 ch | 37,3 kWh | 265 km | 16 900 € |
| C10 EV | 218 ch | 70 kWh | 420 km | 37 400 € |
| C10 REEV | 215 ch | 28 kWh | 145 km électrique | 37 400 € |
Leapmotor a développé un réseau de 125 points de vente en France en moins d’un an. Cette implantation rapide s’appuie initialement sur le réseau Stellantis&You, mais s’ouvre progressivement à d’autres investisseurs indépendants. L’objectif d’un point de vente par département français est quasiment atteint.
Le ratio actuel de 10 immatriculations par point de vente sur six mois reste insuffisant pour garantir la rentabilité des concessionnaires. Cette situation nécessite une montée en puissance rapide des ventes ou une optimisation du maillage territorial. Les services après-vente bénéficient de l’infrastructure Stellantis, notamment via Distrigo pour la distribution de pièces détachées.
L’abandon du projet d’assemblage en Pologne illustre les complexités géopolitiques actuelles. Les droits de douane de 31 % appliqués aux véhicules chinois et l’absence de bonus écologique français compliquent la stratégie industrielle. Les T03 arrivent désormais directement de l’usine de Jinhua en Chine, impactant les coûts logistiques.
La notoriété reste le principal défi à surmonter. Malgré le partenariat avec les frères Lebrun, champions olympiques de tennis de table, et le sponsoring de l’émission Ninja Warrior, la marque peine encore à se faire connaître du grand public. Cette situation limite le potentiel commercial, notamment face à la Dacia Spring qui totalise 15 000 ventes européennes sur la même période.
L’arrivée du Leapmotor B10 en octobre 2025 constitue un enjeu majeur. Ce SUV compact de 4,52 mètres vise le segment très disputé des Peugeot e-3008 et Renault Scénic. Avec une autonomie annoncée entre 400 et 500 kilomètres WLTP selon les versions, il pourrait combler l’écart tarifaire entre la T03 et le C10.
Les objectifs restent ambitieux : 3 000 à 4 000 immatriculations françaises d’ici fin 2025, puis une montée en puissance vers les 400 000 véhicules annuels en Europe à long terme. Ces volumes placeraient Leapmotor au niveau de Ford ou Opel sur le continent européen.
Pour Stellantis, chaque véhicule électrique Leapmotor immatriculé améliore la moyenne CO₂ du groupe et facilite la vente de modèles thermiques sur d’autres marques. Cette synergie explique le maintien du soutien malgré les turbulences internes au groupe et le changement de direction. Antonio Filosa, nouveau patron de Stellantis, confirme la poursuite de cette stratégie initiée par Carlos Tavares.
Réagissez à l'article