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Polestar et Volvo : l’électrification à deux vitesses qui pose question

Albert Lecoq

Vous vous êtes sûrement déjà retrouvé dans cette situation : on vous demande ce qu’est une Polestar, et vous finissez par répondre “C’est un peu comme une Volvo électrique” pour simplifier. Cette confusion entre les deux marques n’est pas anodine et révèle une stratégie qui soulève aujourd’hui des interrogations.

Polestar : un pari risqué pour Geely

En 2017, le groupe chinois Geely, propriétaire de Volvo, décide de faire de Polestar une marque indépendante spécialisée dans l’électrique. L’objectif était de créer une entité capable de prendre des risques que Volvo ne pouvait pas se permettre, tout en bénéficiant de synergies technologiques.

Cependant, cette stratégie n’a pas porté ses fruits comme espéré. Polestar peine à se démarquer et souffre de plusieurs problèmes :

  • Des ventes en baisse
  • Une gamme limitée face à un marché dominé par les SUV
  • Un cours boursier en chute libre depuis son introduction en bourse
  • Une dépendance à la Chine devenue problématique

Face à ces difficultés, Polestar a récemment changé de direction. Michael Lohscheller, vétéran de l’industrie automobile, a pris les rênes de l’entreprise avec pour mission de lui donner un nouveau souffle.

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Volvo : un retard à rattraper dans l’électrique

Pendant ce temps, Volvo se trouve dans une position délicate. La marque suédoise, qui s’est engagée à devenir 100% électrique d’ici 2030, accuse un certain retard dans ce domaine.

Volvo ne propose actuellement aucune berline électrique et commence tout juste à se positionner sur le segment des SUV électriques. Les modèles XC40 et C40 Recharge, bien que appréciés, peinent à rivaliser avec les véhicules électriques les plus récents conçus dès le départ pour cette motorisation.

De plus, Volvo fait face à plusieurs défis :

  • Des retards de production sur le SUV haut de gamme EX90
  • L’impact des tarifs douaniers sur l’EX30 produit en Chine
  • Un réseau de concessionnaires insatisfait aux États-Unis

Cette situation est d’autant plus frustrante que Volvo avait initialement développé des concepts prometteurs, comme la berline Concept 40.2, qui ont finalement été attribués à Polestar.

Une stratégie de plateforme partagée à double tranchant

Geely a fait le choix de mutualiser les plateformes et technologies entre ses différentes marques, dont Volvo, Polestar, Lynk & Co et Zeekr. Cette approche permet des économies d’échelle mais brouille les frontières entre les marques.

Par exemple, le SUV électrique Polestar 3 partage sa plateforme avec le Volvo EX90. Si cette stratégie peut sembler logique d’un point de vue industriel, elle complique la différenciation des marques aux yeux des consommateurs.

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De plus, la dépendance à la production chinoise, initialement vue comme un atout, s’est transformée en handicap face aux mesures protectionnistes mises en place par certains pays. Polestar et Volvo doivent désormais repenser leur stratégie industrielle pour s’adapter à ce nouveau contexte.

Un divorce financier aux conséquences incertaines

Face aux difficultés de Polestar, Volvo a récemment pris ses distances financières avec la marque. Bien que la collaboration technique se poursuive, Volvo a cédé sa participation dans Polestar pour se concentrer sur ses propres investissements.

Cette décision soulève des questions sur l’avenir de Polestar. La marque doit maintenant prouver qu’elle peut exister par elle-même, sans le soutien financier de Volvo. Cela passe par le développement rapide de nouveaux modèles attractifs et une stratégie de production plus cohérente.

Actuellement, Polestar produit ses véhicules dans différents pays :

ModèlePays de production
Polestar 2Chine
Polestar 3États-Unis (usine Volvo)
Polestar 4Corée du Sud

Cette dispersion géographique peut compliquer la gestion de la production et de la chaîne d’approvisionnement.

Quel avenir pour Polestar et Volvo ?

Avec le recul, on peut se demander si Geely n’aurait pas dû lancer Polestar comme une marque totalement indépendante dès le départ, plutôt que de s’appuyer autant sur l’héritage Volvo. Cette stratégie a peut-être freiné le développement des deux marques dans l’électrique.

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Polestar doit maintenant trouver sa propre voie et se forger une identité claire. La marque dispose d’atouts, notamment un design séduisant et une image premium, mais elle doit les exploiter pleinement pour se démarquer sur un marché de plus en plus concurrentiel.

De son côté, Volvo doit accélérer sa transition vers l’électrique pour ne pas se laisser distancer. La marque peut s’appuyer sur sa réputation en matière de sécurité et de qualité, mais elle doit rapidement étoffer sa gamme de véhicules électriques.

L’avenir nous dira si la séparation entre Polestar et Volvo permettra aux deux marques de s’épanouir ou si elle marquera le début d’une période difficile. Une chose est sûre : dans un marché automobile en pleine mutation, l’agilité et la capacité à se réinventer seront des atouts cruciaux.

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