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Xiaomi, ou comment perdre pour mieux gagner dans l’automobile

Philippe Moureau

Dans l’univers des constructeurs automobiles, Xiaomi fait figure d’OVNI. Le géant chinois de l’électronique, connu pour ses smartphones et objets connectés, s’est lancé dans l’aventure des voitures électriques avec une ambition démesurée. Loin de se contenter de produire de simples véhicules, Xiaomi vise à créer un véritable écosystème intelligent intégrant la voiture, la maison et l’humain. Plongeons dans cette stratégie audacieuse qui pourrait bien redéfinir notre rapport à la mobilité.

La SU7 : Un succès commercial fulgurant

Le premier modèle de Xiaomi, la berline électrique SU7, connaît un démarrage commercial impressionnant. Avec 27 307 unités immatriculées et des livraisons mensuelles dépassant les 10 000 véhicules pour le deuxième mois consécutif, la marque chinoise dépasse toutes les attentes.

Face à cette demande, Xiaomi a doublé ses équipes de production. L’objectif initial de 100 000 véhicules livrés d’ici fin 2024 a été revu à la hausse, visant désormais les 120 000 unités. Pour soutenir cette croissance, le constructeur a déjà ouvert 87 centres de vente en Chine continentale au 30 juin 2024.

Ce succès se traduit dans les chiffres : au deuxième trimestre 2024, le chiffre d’affaires de l’activité véhicules électriques a atteint 6,4 milliards de RMB, soit plus de 800 millions d’euros. Des résultats impressionnants pour une marque novice dans le secteur automobile.

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Une stratégie d’investissement massive en R&D

Malgré ces ventes prometteuses, Xiaomi ne lésine pas sur les investissements. Les dépenses en recherche et développement atteignent des sommets avec 690 millions d’euros pour le seul deuxième trimestre 2024, soit 230 millions d’euros par mois ! Une augmentation de 20,7% depuis le début de l’année, qui ne prend pas en compte les dépenses de personnel ou les achats de matériel.

Cette stratégie pourrait sembler risquée, les dépenses dépassant les revenus. Mais Xiaomi dispose d’une trésorerie colossale de 104 milliards de RMB (environ 13 milliards d’euros), lui permettant de voir loin et d’investir massivement dans l’innovation.

Au-delà de l’automobile : l’écosystème “Human x Car x Home”

L’ambition de Xiaomi va bien au-delà de la simple vente de voitures électriques. La SU7 n’est qu’une pièce d’un puzzle beaucoup plus vaste : l’écosystème intelligent “Human x Car x Home”.

Xiaomi mise sur l’interconnexion de tous ses produits :

  • Smartphones et ordinateurs
  • Moyens de mobilité douce (trottinettes, vélos électriques)
  • Appareils domestiques (climatiseurs, réfrigérateurs, téléviseurs)
  • Et maintenant, voitures électriques

L’objectif ? Créer un environnement où tous ces appareils communiquent entre eux grâce à l’intelligence artificielle, offrant une expérience utilisateur fluide et intuitive.

Les défis à relever pour Xiaomi

Malgré son succès initial, Xiaomi devra relever plusieurs défis pour s’imposer durablement sur le marché automobile :

  • La concurrence féroce : Le marché chinois des voitures électriques est l’un des plus compétitifs au monde, avec des acteurs locaux puissants comme BYD ou NIO, sans oublier Tesla.
  • L’expansion internationale : Pour l’instant limitée à la Chine, la SU7 devra prouver son attrait sur d’autres marchés, notamment européens et américains.
  • La sécurité des données : L’interconnexion poussée des appareils soulève des questions sur la protection de la vie privée des utilisateurs.
  • La fiabilité à long terme : Xiaomi devra démontrer sa capacité à produire des véhicules fiables et durables, un défi pour un nouvel entrant dans l’industrie automobile.
  • L’acceptation de l’écosystème : Le succès de la stratégie de Xiaomi dépendra de la volonté des consommateurs à adopter un écosystème aussi intégré.
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La stratégie audacieuse de Xiaomi dans le secteur automobile représente bien plus qu’une simple diversification. C’est une vision globale qui pourrait redéfinir notre rapport à la mobilité et à la technologie au quotidien. Si le géant chinois parvient à concrétiser ses ambitions, il pourrait bien devenir un acteur incontournable de la mobilité du futur, bien au-delà de la simple production de voitures électriques.

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