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Voitures électriques : l’avalanche de stocks annonce-t-elle une chute des prix ?

Philippe Moureau

Vous avez sans doute remarqué une multiplication des offres de voitures électriques neuves ces derniers temps. De la Tesla Model Y à la Renault Mégane E-Tech, en passant par la MG4, les stocks s’accumulent chez les concessionnaires et sur les sites des constructeurs. Ce phénomène inédit soulève de nombreuses questions sur l’avenir du marché électrique. Faut-il y voir les prémices d’une baisse généralisée des prix ? Décryptage de cette situation complexe qui pourrait bien rebattre les cartes du secteur automobile.

Un ralentissement brutal des ventes de voitures électriques

Après des années de croissance exponentielle, le marché européen des voitures électriques marque le pas. Alors que les ventes avaient bondi de 53,8% au premier semestre 2023, elles n’ont progressé que de 1,3% sur la même période en 2024. Ce coup de frein brutal s’explique par plusieurs facteurs :

  • La fin des généreuses subventions en Allemagne, premier marché européen
  • Le durcissement du bonus écologique en France
  • Un contexte économique morose pesant sur le pouvoir d’achat
  • Des prix encore trop élevés malgré la baisse du coût des batteries
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Résultat : la part de marché des voitures électriques en Europe est passée de 12,9% à 12,5% en un an. Une situation préoccupante pour les constructeurs qui avaient massivement investi dans l’électrification de leurs gammes en prévision de la future interdiction des moteurs thermiques en 2035.

Des stocks qui débordent de toutes parts

Face à ce ralentissement inattendu de la demande, les constructeurs se retrouvent avec des stocks pléthoriques de voitures électriques sur les bras. Chez Tesla, ce ne sont pas moins d’une centaine de Model 3 et Model Y qui attendent preneurs en France. Même constat chez Renault avec des milliers de Mégane E-Tech disponibles immédiatement.

Le phénomène prend une ampleur inédite avec les marques chinoises comme MG. Désireuses de s’implanter rapidement en Europe, elles ont massivement exporté leurs modèles, saturant les ports d’Anvers ou de Bremerhaven. Ces voitures peinent ensuite à trouver acquéreur, faute de réseau de distribution suffisant.

Cette surabondance s’explique aussi par une stratégie d’anticipation de certains constructeurs. Face à la menace de nouvelles taxes douanières sur les véhicules importés de Chine, ils ont constitué d’importants stocks avant leur entrée en vigueur. C’est notamment le cas de Volvo avec son EX30, fabriqué en Chine, dont on trouve plus de 47 pages de stock sur le site de la marque.

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Vers une guerre des prix sur le marché de l’électrique ?

Cette situation de surcapacité pourrait bien déboucher sur une baisse généralisée des tarifs dans les mois à venir. Plusieurs éléments vont dans ce sens :

  • La chute du coût des batteries, qui représentent 30 à 40% du prix d’une voiture électrique
  • La nécessité pour les constructeurs d’écouler leurs stocks importants
  • L’arrivée prochaine de modèles plus abordables comme la future Renault 5 E-Tech

En Chine, les petites voitures électriques sont déjà moins chères que leurs équivalents thermiques. Ce scénario pourrait se reproduire en Europe à moyen terme. Cependant, attention aux effets pervers : la hausse des droits de douane sur les véhicules chinois à partir de novembre 2024 pourrait freiner cette tendance baissière.

Les constructeurs vont devoir trouver le juste équilibre entre écoulement des stocks et préservation de leurs marges. Certains pourraient être tentés d’immatriculer massivement leurs véhicules électriques invendus pour respecter les futures normes CAFE 2025 et éviter de lourdes amendes. Ces voitures “zéro kilomètre” seraient ensuite proposées avec de fortes remises.

Un marché en pleine mutation

Au-delà de la question des prix, c’est tout l’écosystème de la voiture électrique qui est en train d’évoluer. L’autonomie et la recharge ne sont plus les freins principaux à l’achat. Le véritable enjeu réside désormais dans la capacité des constructeurs à proposer des modèles réellement abordables, sans le soutien des aides gouvernementales.

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La future Citroën ë-C3, annoncée à moins de 25 000 euros, illustre bien ce défi. Avec une autonomie limitée à 200 km, son rapport prix/prestations peine encore à convaincre. Pour réellement démocratiser la voiture électrique, il faudra sans doute descendre sous la barre symbolique des 20 000 euros.

Dans ce contexte mouvant, les consommateurs ont tout intérêt à rester attentifs aux offres du marché dans les prochains mois. Entre stocks à écouler, nouveaux modèles plus abordables et possible guerre des prix, de belles opportunités pourraient bien se présenter pour passer à l’électrique à moindre coût. Reste à savoir si cela suffira à relancer durablement un marché en perte de vitesse.

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