Les Français ne veulent pas de la voiture électrique à 100€ / mois pour de simples et bonnes raisons

ParAlbert Lecoq 29 novembre 2023 à 7h55

L’électromobilité est-elle vraiment accessible à tous ? Une récente analyse de la situation financière des foyers français aux revenus modestes révèle une réalité complexe face à l’essor des voitures électriques. L’étude orchestrée par AramisAuto et menée par Opinionway montre une réticence notable à adopter les offres de leasing social, malgré un coût alléchant de 100 euros par mois.

Le budget automobile des foyers modestes à la loupe

Avec un revenu moyen de 2525 euros, ces foyers consacrent en moyenne 262 euros par mois à leur budget automobile, un chiffre en baisse par rapport à l’année précédente. Face à cette contrainte budgétaire, l’achat d’une voiture électrique ne figure pas en tête de liste pour la majorité, avec seulement un foyer sur dix prêt à faire le grand saut vers l’électrique.

La majorité évoque le frein financier comme obstacle principal, et ce, malgré la proposition gouvernementale d’un leasing à prix réduit. En effet, plus de la moitié des sondés expriment que cette mesure ne suffirait pas à les convaincre de la viabilité de l’électrique.

L’information, clé de l’acceptation du leasing social

Un manque d’information sur ce dispositif semble persister, avec 70 % des personnes interrogées estimant qu’elles ne pourraient pas bénéficier de ce leasing social. Pourtant, il est prévu que cette mesure soit accessible à une large fraction de la population, notamment les plus démunis.

Si l’opportunité de changer de véhicule se présentait, la tendance serait plutôt à l’acquisition d’un modèle thermique, soulignant une préférence encore forte pour les moteurs conventionnels malgré les incitations gouvernementales.

La complexité et l’incompréhension des aides étatiques ajoutent à la confusion, avec une grande partie des sondés se disant perdus. Il est à noter que les subventions ne favorisent pas uniquement l’acquisition de voitures électriques, mais aussi les véhicules thermiques répondant à certains critères environnementaux.

Le marché de l’occasion attire davantage ces foyers, avec une ouverture notable à l’achat de véhicules de marques chinoises, perçus comme plus accessibles financièrement.

La problématique de la recharge au quotidien

Être éligible à une voiture électrique à un tarif préférentiel est une chose, mais assurer sa recharge au quotidien en est une autre. La majorité des foyers modestes vivant dans des appartements ou des immeubles denses se heurtent à la réalité du manque d’infrastructures de recharge privées. La possibilité de recharger leur véhicule à domicile reste donc une préoccupation majeure non résolue.

En outre, les infrastructures publiques de recharge ne parviennent pas à rassurer ces potentiels nouveaux utilisateurs de l’électrique. Entre les bornes de recharge souvent occupées par des stationnements longue durée, dits “ventouse”, et les avaries techniques récurrentes, la confiance dans la disponibilité et la fiabilité de la recharge en dehors du domicile s’érode. Ces contraintes logistiques ajoutent un frein supplémentaire à l’adoption de la voiture électrique pour ces ménages, malgré son coût mensuel attractif.

La pression économique et environnementale

La hausse des prix des voitures et la disparition des modèles économiques accentuent la pression sur ces foyers, dont le budget alloué à l’automobile diminue. Le besoin de renouvellement est urgent, en particulier avec l’extension des Zones à Faibles Émissions (ZFE), mais le coût supplémentaire lié à l’électrique reste prohibitif pour beaucoup.

De manière surprenante, une partie non négligeable des ménages à faibles revenus envisage de contourner les règles de circulation dans les ZFE, mettant en lumière une fracture entre les politiques environnementales et les capacités financières de ces foyers.

Le chemin escarpé vers l’électrique

Le passage à l’électrique est jonché d’obstacles, notamment le surcoût significatif des voitures électriques sur le marché de l’occasion par rapport aux modèles thermiques. Les bonus existants ne semblent pas suffire à convaincre les foyers les plus modestes de l’intérêt de l’électrique, laissant la porte ouverte à la persistance des moteurs thermiques.

Romain Boscher, directeur général d’Aramisauto, suggère une transition plus progressive vers l’électrique, adaptée au budget des usagers et réaliste quant à la capacité de tous à opérer ce changement simultanément. L’occasion apparaît ainsi comme une alternative viable en attendant des solutions plus adaptées.

Des alternatives envisagées

Face à l’impasse, près de la moitié des foyers modestes considèrent l’achat de voitures de marques chinoises comme une échappatoire financière. Cependant, cette option n’est pas sans inconvénients, les modèles chinois présentant eux-mêmes des tarifs parfois élevés et des implications pour l’industrie automobile européenne et l’emploi en France.

En définitive, la voiture électrique, malgré son coût mensuel attractif, n’a pas encore gagné le cœur ni le portefeuille des foyers aux revenus modestes, laissant entrevoir les défis de la transition énergétique à l’échelle individuelle et collective.

Par Albert Lecoq

Spécialiste des guides d'achat de voitures électriques, je suis passionné par les nouvelles technologies et je suis un fervent partisan de l'adoption de la technologie électrique et de la mobilité durable.

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