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Même le PDG de Ford est séduit par l’Apple Car chinoise

Philippe Moureau

L’industrie automobile est en pleine mutation, et les constructeurs traditionnels se retrouvent face à un défi de taille : l’émergence rapide des voitures électriques, notamment en provenance de Chine. Un exemple frappant de cette évolution est la récente déclaration de Jim Farley, PDG de Ford, qui a révélé conduire depuis plusieurs mois une Xiaomi SU7 importée de Chine à Chicago.

La Xiaomi SU7 : une révélation pour le PDG de Ford

Jim Farley ne tarit pas d’éloges sur la Xiaomi SU7, qu’il qualifie de “fantastique”. Cette berline électrique, produite par le géant chinois de l’électronique Xiaomi, a manifestement fait forte impression sur le dirigeant de Ford. Il a même déclaré ne pas vouloir s’en séparer, ce qui en dit long sur la qualité du véhicule.

La SU7 n’est pas qu’un simple coup d’essai pour Xiaomi. En Chine, le succès est déjà au rendez-vous :

  • 100 000 unités vendues pour l’année en cours
  • Des ventes mensuelles oscillant entre 10 000 et 20 000 exemplaires
  • Un carnet de commandes rempli pour les six prochains mois
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Ces chiffres impressionnants montrent que Xiaomi a su capitaliser sur sa notoriété dans l’électronique grand public pour se faire une place de choix sur le marché automobile électrique.

L’intégration technologique : un avantage décisif

Ce qui frappe particulièrement Jim Farley, c’est l’intégration poussée entre l’univers automobile et celui de la high-tech en Chine. Il souligne que “les entreprises de téléphonie mobile ne sont pas dans l’automobile en Occident, mais en Chine, Huawei et Xiaomi sont présents dans chaque véhicule fabriqué”.

Cette synergie se manifeste de plusieurs façons :

  • La SU7 utilise le même système d’exploitation que les smartphones et tablettes Xiaomi
  • Les accessoires pour la voiture peuvent être achetés dans les mêmes magasins que les produits électroniques de la marque
  • L’interface utilisateur est cohérente et familière pour les consommateurs habitués aux produits Xiaomi

Cette approche intégrée offre une expérience utilisateur fluide et intuitive, bien supérieure à ce que proposent actuellement les constructeurs occidentaux.

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Un réveil brutal pour l’industrie automobile américaine

La prise de conscience de Jim Farley est symptomatique d’un phénomène plus large. Les dirigeants de l’industrie automobile américaine réalisent l’ampleur du défi posé par les constructeurs chinois dans le domaine de l’électrique.

Farley admet sans détour : “Je ne peux pas effacer le fait que les trois grands de Detroit n’ont jamais vraiment eu de plan”, faisant référence à la montée en puissance de Toyota et Honda dans les années 1970 et 1980. Il est déterminé à ne pas répéter cette erreur face à la concurrence chinoise.

Cette prise de conscience a poussé Ford à revoir complètement sa stratégie. L’entreprise a notamment mis en place une équipe dédiée au développement de voitures électriques à bas coût, travaillant en mode “skunkworks” (projet secret et innovant) pour rattraper son retard.

Les défis à relever pour Ford et les constructeurs occidentaux

Face à l’avance prise par les constructeurs chinois, Ford et ses concurrents occidentaux doivent relever plusieurs défis majeurs :

1. L’intégration technologique : Développer des interfaces aussi intuitives et intégrées que celles proposées par Xiaomi ou Huawei.

2. La réduction des coûts : Proposer des véhicules électriques abordables sans compromettre la qualité.

3. L’autonomie et la recharge : Améliorer les performances des batteries et l’infrastructure de recharge.

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4. L’innovation constante : Rester à la pointe de la technologie dans un marché en évolution rapide.

5. La transformation de la culture d’entreprise : Adopter une approche plus agile et tournée vers l’innovation.

Jim Farley est conscient de l’ampleur de la tâche : “Nous allons devoir tout faire correctement dès le début”. Cette déclaration souligne l’urgence de la situation pour Ford et l’industrie automobile américaine en général.

Les perspectives d’avenir pour Xiaomi et l’industrie automobile chinoise

Pendant que les constructeurs occidentaux cherchent à rattraper leur retard, Xiaomi ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’entreprise a déjà des projets ambitieux pour étendre sa gamme de véhicules électriques :

  • Le développement d’un crossover électrique dans un futur proche
  • L’éventuelle introduction d’un véhicule électrique à autonomie prolongée équipé d’un moteur thermique d’appoint
  • Le lancement possible d’une citadine électrique à bas coût

Ces projets montrent que Xiaomi, comme d’autres constructeurs chinois, ne se contente pas de suivre les tendances du marché, mais cherche activement à les façonner.

L’expérience de Jim Farley avec la Xiaomi SU7 est révélatrice des bouleversements en cours dans l’industrie automobile. Les constructeurs traditionnels sont confrontés à une concurrence redoutable, qui allie expertise technologique et approche centrée sur l’utilisateur. Pour survivre et prospérer dans ce nouvel environnement, ils devront faire preuve d’une capacité d’adaptation et d’innovation sans précédent. L’avenir nous dira si Ford et ses homologues occidentaux sauront relever ce défi existentiel.

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