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L’incroyable pari à 7 milliards de Toyota pour dominer la voiture électrique

François Zhang-Ming

L’industrie automobile japonaise s’apprête à opérer un virage stratégique majeur dans le domaine des véhicules électriques. Face à la concurrence chinoise grandissante et à la nécessité de réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers, les géants nippons Toyota et Nissan, ainsi que d’autres acteurs clés du secteur, s’unissent pour relancer la production nationale de batteries. Cette initiative ambitieuse, soutenue par le gouvernement japonais, vise à positionner le pays comme un acteur incontournable de la mobilité électrique de demain.

Un investissement colossal pour booster la production de batteries

Toyota, Nissan et plusieurs autres entreprises japonaises s’apprêtent à investir massivement dans le développement de leur capacité de production de batteries pour véhicules électriques. Le montant total de cet investissement s’élève à 7 milliards de dollars, soit environ 1 000 milliards de yens. L’objectif est clair : augmenter significativement la production nationale de batteries pour répondre à la demande croissante du marché des voitures électriques.

Concrètement, cette injection massive de capitaux devrait permettre d’accroître la capacité de production annuelle de 80 GWh à 120 GWh, soit une augmentation de 50%. À l’horizon 2030, l’ambition est d’atteindre une capacité de 150 GWh. Pour soutenir cette initiative, le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie prévoit d’apporter un soutien financier pouvant aller jusqu’à 2,44 milliards de dollars (350 milliards de yens).

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Toyota et Nissan en première ligne

Parmi les acteurs majeurs de cette offensive, Toyota se distingue par un investissement prévu de 1,7 milliard de dollars (250 milliards de yens). Le constructeur prévoit d’augmenter la production de batteries au sein de deux de ses filiales et projette également l’ouverture d’une nouvelle usine dédiée aux batteries pour sa marque premium Lexus d’ici 2029.

De son côté, Nissan n’est pas en reste avec un engagement financier de 1 milliard de dollars (150 milliards de yens). Le constructeur a notamment pour objectif de lancer la production de batteries LFP (Lithium Fer Phosphate) dès 2028, une technologie prometteuse en termes de coûts et de durabilité.

Un marché japonais en pleine mutation

Cette initiative intervient dans un contexte où le marché japonais des voitures électriques connaît des difficultés. Au premier semestre 2024, les ventes de véhicules électriques domestiques ont chuté de 39%, ne représentant que 1,6% des ventes totales de véhicules particuliers. Cette baisse s’explique en partie par un manque d’offre diversifiée de la part des constructeurs japonais.

Face à cette situation, les constructeurs étrangers, notamment chinois, gagnent du terrain. BYD, par exemple, a vu ses importations de voitures particulières bondir de 184% sur la même période. Bien que les chiffres restent modestes (980 véhicules importés), cette progression témoigne de l’attrait croissant des consommateurs japonais pour les modèles électriques étrangers, réputés plus variés et souvent plus abordables.

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L’enjeu de l’indépendance technologique

L’investissement massif des constructeurs japonais dans la production de batteries s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire la dépendance du pays vis-à-vis de la Chine et de la Corée du Sud, qui dominent actuellement le marché mondial des batteries pour véhicules électriques.

En effet, selon les données de SNE Research, le marché global des batteries pour véhicules électriques reste largement dominé par les acteurs chinois et sud-coréens :

  • CATL (Chine) : 37,6% de parts de marché
  • BYD (Chine) : 16,1% de parts de marché
  • LG Energy Solution (Corée du Sud) : 12,4% de parts de marché
  • SK On (Corée du Sud) : 4,7% de parts de marché

Face à cette domination, le Japon cherche à sécuriser sa propre chaîne d’approvisionnement en batteries, un élément crucial pour l’avenir de son industrie automobile.

Un défi technologique et industriel

Pour réussir ce pari, les constructeurs japonais devront non seulement investir massivement, mais aussi innover rapidement. La concurrence est rude, notamment face à des acteurs comme BYD qui maîtrisent l’ensemble de leur chaîne de production, de la batterie au véhicule fini.

Les constructeurs japonais devront également diversifier leur offre de véhicules électriques pour séduire les consommateurs. À titre d’exemple, BYD a lancé plusieurs modèles attractifs sur le marché japonais, comme l’Atto 3, le Dolphin et plus récemment le Seal, proposé à partir de 33 100 dollars (5,28 millions de yens).

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Pour rester compétitifs, Toyota, Nissan et leurs partenaires devront non seulement améliorer leurs capacités de production de batteries, mais aussi repenser leur approche du marché des voitures électriques dans son ensemble. Cela implique de développer des modèles innovants, d’optimiser les coûts de production et de créer un écosystème complet autour de la mobilité électrique.

L’avenir de l’industrie automobile japonaise se joue en grande partie sur sa capacité à relever ce défi technologique et industriel. En investissant massivement dans la production de batteries, Toyota, Nissan et leurs partenaires montrent leur détermination à ne pas laisser le marché des voitures électriques leur échapper. Reste à voir si cette stratégie ambitieuse permettra au Japon de rattraper son retard et de s’imposer comme un acteur majeur de la révolution électrique en cours dans l’industrie automobile mondiale.

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