Honda mise sur l’hybride alors que tout le monde ne jure que par l’électrique
Honda redéfinit sa stratégie électrifiée aux États-Unis en privilégiant les SUV hybrides grand format plutôt que les véhicules 100% électriques […]
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RJ Scaringe, PDG de Rivian, ne mâche pas ses mots. Selon lui, les constructeurs automobiles traditionnels comme Ford, General Motors ou Toyota représentent le principal obstacle au développement d’un marché électrique durable et favorable aux consommateurs. Cette accusation, formulée lors d’une table ronde avec des journalistes, révèle les tensions qui traversent actuellement l’industrie automobile américaine.
Le dirigeant de la startup californienne explique que Rivian a dû surmonter de nombreux obstacles pour commercialiser ses R1T et R1S. Les lois pro-concessionnaires dans de nombreux États, l’absence d’infrastructure de vente et de service, et maintenant la préparation du lancement du Rivian R2 dans un contexte électrique américain incertain. À chaque étape, les constructeurs historiques auraient fait pression pour limiter les ventes directes aux consommateurs et obtenir l’assouplissement des réglementations sur les émissions.
Scaringe dépeint une industrie où les acteurs établis luttent activement contre les politiques favorables aux véhicules électriques. “Vous voyez tous les acteurs historiques, ils sont les plus grands adversaires de toutes les politiques électriques. Tout le travail que nous essayons de faire pour obtenir un jeu équitable sur des choses comme les coûts d’immatriculation des véhicules, les gens contre lesquels nous dépensons le plus d’énergie à lutter à Washington sont en fait les constructeurs automobiles”, explique-t-il.
Cette opposition révèle selon lui un souhait profond : que “toute cette histoire d’électrique disparaisse simplement”. Les constructeurs traditionnels préféreraient continuer à dominer le marché américain avec leurs gros pick-ups à essence, sans réglementation contraignante et idéalement sans concurrence de la part de startups ambitieuses comme Tesla ou Rivian.
Le PDG de Rivian estime que les véhicules électriques proposés par la plupart des constructeurs traditionnels reflètent cette réticence. Beaucoup ne sont pas particulièrement attractifs et risquent de peiner dans un monde où les tarifs douaniers et la disparition du crédit d’impôt de 7 500 dollars font grimper les prix.
Les modèles comme la Ford Mustang Mach-E ou la Chevrolet Equinox EV pourraient devenir bien moins séduisants sans les offres de leasing à 100 dollars par mois actuellement disponibles. Cette situation obligerait les constructeurs à subventionner des produits peu compétitifs tout en maintenant leurs gammes thermiques, détournant ainsi les investissements du développement de véhicules électriques plus performants.

Paradoxalement, Scaringe considère que le recul des crédits d’impôt et l’imposition de tarifs douaniers pourraient favoriser Rivian d’un point de vue concurrentiel. Contrairement aux véhicules électriques concurrents de Ford, Chevrolet, Honda ou Toyota, le R2 sera assemblé aux États-Unis et devrait afficher un prix de départ de 45 000 dollars pour la version propulsion.
Le dirigeant souligne le manque de choix actuel sur le marché électrique. Alors que les acheteurs de véhicules thermiques peuvent choisir parmi plus de 300 options, beaucoup d’excellente qualité, le segment électrique sous 50 000 dollars ne propose selon lui que deux vraies alternatives de qualité : les Tesla Model 3 et Model Y.
L’analyse de Scaringe trouve des échos dans les stratégies récentes des constructeurs. Stellantis a récemment retardé le lancement de son pick-up électrique pour privilégier le retour du moteur V8. Ses modèles Jeep Wagoneer S, Dodge Charger Daytona EV et Fiat 500e souffrent d’un positionnement discutable sur le marché américain.
General Motors présente une approche ambivalente : d’un côté, le constructeur déploie agressivement sa gamme électrique avec des ventes en forte croissance, de l’autre, il vient de signer un investissement record pour sa prochaine génération de V8. Ford maintient un discours pro-électrique mais peine à innover sur le plan produit.
| Constructeur | Stratégie électrique | Engagement réel |
|---|---|---|
| Stellantis | Retards répétés | Faible |
| Ford | Discours positif | Modéré |
| GM | Déploiement agressif | Mitigé |
| BMW | Progrès technologiques | Élevé |
Les constructeurs traditionnels font face à des défis multiples : environnement réglementaire changeant, montée des constructeurs chinois, transition vers les véhicules définis par logiciel. Ils perdent simultanément leur avantage concurrentiel historique : la maîtrise des moteurs à combustion interne de classe mondiale.
BMW, Mercedes ou Chevrolet préféreraient naturellement vendre leurs véhicules sur la base de leurs motorisations thermiques. Malheureusement pour eux, les véhicules électriques offrent une expérience plus fluide, plus silencieuse et plus simple, avec une technologie qui tend vers des coûts réduits et une fiabilité supérieure aux meilleurs produits thermiques.
Les marchés européen et chinois avancent résolument vers l’électrification, indépendamment des réticences américaines. Face à cette réalité, les constructeurs historiques semblent effectivement espérer que la transition électrique s’essouffle, au moins temporairement, pour préserver leurs modèles économiques actuels plus longtemps.
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