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Huawei vend 500 000 voitures électriques sans en fabriquer une seule

François Zhang-Ming

En seulement quatre ans, Huawei s’est imposé comme un acteur majeur de l’industrie automobile chinoise, bouleversant les codes et attirant l’attention de presque tous les constructeurs du pays. Cette ascension fulgurante soulève de nombreuses questions sur l’avenir du secteur et les enjeux technologiques qui se profilent.

L’arsenal technologique de Huawei : bien plus qu’un simple équipementier

Huawei a développé un impressionnant éventail de technologies dédiées aux véhicules électriques, connectés et intelligents. Son offre comprend :

  • Des logiciels et matériels de conduite autonome de pointe
  • Des écrans et systèmes d’infodivertissement innovants
  • Une architecture électronique avancée
  • Des moteurs électriques haute performance
  • Des services connectés et cloud intégrés

Cette palette technologique couvre pratiquement tous les aspects du véhicule moderne, à l’exception notable de la batterie. Le géant chinois a ainsi réussi à se positionner comme un fournisseur incontournable pour de nombreux constructeurs automobiles.

Parmi les partenaires de Huawei, on retrouve des acteurs majeurs tels que GAC, BAIC, Dongfeng et Changan. Même BYD, connu pour sa stratégie d’intégration verticale, a succombé à l’attrait des technologies Huawei pour son nouveau SUV Bao8. Pour ces constructeurs, arborer le logo “HI” (Huawei Inside) sur leurs véhicules est devenu un véritable argument de vente, synonyme de qualité et d’innovation.

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Huawei, un constructeur qui ne dit pas son nom

Au-delà de son rôle de fournisseur, Huawei s’est progressivement mué en un quasi-constructeur automobile. Bien que les véhicules ne portent pas directement sa marque, l’entreprise est profondément impliquée dans leur conception et leur commercialisation.

Huawei a mis en place des partenariats stratégiques avec plusieurs constructeurs pour créer des marques dédiées :

  • Luxeed avec Chery
  • Stelato avec BAIC
  • Aito avec Seres
  • Maextro avec JAC

Ces véhicules, regroupés au sein de l’alliance HIMA (Harmony Intelligent Mobility Alliance), sont vendus dans les boutiques Huawei. Le succès est au rendez-vous : en à peine trois ans, HIMA est passé de 0 à 500 000 voitures vendues annuellement, générant déjà des bénéfices.

L’attrait du nom Huawei est tel que de nouveaux constructeurs, comme GAC, cherchent à créer leur propre marque au sein de HIMA. Cette stratégie permet à Huawei de s’imposer comme un acteur central de l’industrie automobile sans pour autant assumer les risques liés à la production directe de véhicules.

L’expansion internationale : opportunités et défis

L’influence de Huawei dans le secteur automobile ne se limite pas à la Chine. Des constructeurs étrangers comme Audi, Nissan et Toyota ont également adopté certaines technologies du géant chinois. Cette expansion internationale soulève néanmoins des questions, notamment en termes de perception et de réglementation.

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L’utilisation de technologies Huawei peut représenter un atout marketing en Chine, mais elle peut aussi susciter des réticences dans certains pays occidentaux. Par exemple, Aito, présent au salon de l’automobile de Paris, n’a pas encore confirmé la date de commercialisation de ses véhicules équipés de technologies Huawei en Europe.

De même, Changan prévoit de lancer sa marque Avatr en Europe en 2026, mais la question du maintien du logo “HI” sur les véhicules reste en suspens. Ces enjeux géopolitiques pourraient influencer les stratégies d’expansion des constructeurs chinois à l’international.

Les risques et opportunités pour les constructeurs

L’association avec Huawei présente à la fois des opportunités et des risques pour les constructeurs automobiles. D’un côté, elle leur permet de rester compétitifs face aux start-ups dynamiques comme Nio ou Xpeng, en accédant rapidement à des technologies de pointe. De l’autre, cette dépendance technologique pourrait limiter leur capacité d’innovation à long terme et les exposer à des risques géopolitiques.

Certains acteurs, comme le groupe Geely (propriétaire de Volvo, Lotus, Zeekr et Polestar), ont choisi une voie différente. Plutôt que de s’associer à Huawei, Geely a préféré acquérir le fabricant de smartphones Meizu pour développer ses propres solutions technologiques. Cette stratégie d’indépendance pourrait s’avérer payante à long terme, notamment pour l’expansion internationale.

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L’avenir de l’industrie automobile chinoise avec Huawei

L’influence croissante de Huawei dans l’industrie automobile chinoise soulève des questions sur l’avenir du secteur. Si la collaboration avec le géant technologique offre des avantages indéniables à court terme, elle pourrait aussi conduire à une certaine uniformisation des véhicules chinois.

Les constructeurs devront trouver un équilibre entre l’adoption des technologies Huawei et le développement de leurs propres innovations pour se différencier sur un marché de plus en plus compétitif. L’enjeu sera également de réussir leur expansion internationale tout en naviguant dans les eaux parfois troubles des relations géopolitiques.

L’ascension fulgurante de Huawei dans le secteur automobile témoigne de la rapidité avec laquelle la technologie transforme l’industrie. Les constructeurs qui sauront tirer parti de ces innovations tout en préservant leur identité et leur indépendance seront les mieux placés pour réussir dans ce nouveau paysage automobile en constante évolution.

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