Interdiction des voitures thermiques : un revirement inattendu secoue l’Europe
Ce qui était présenté comme un consensus européen pour l’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035 ressemble désormais à […]
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La hiérarchie du marché des voitures électriques en Europe est en train de connaître un bouleversement majeur. Si la Tesla Model Y conserve de justesse sa première place au classement des ventes sur les deux premiers mois de 2025, c’est bien Volkswagen qui s’impose désormais comme le constructeur dominant sur le segment électrique. Un renversement de situation spectaculaire qui mérite qu’on s’y attarde, tant il semblait impensable il y a encore quelques mois.
La Model Y reste techniquement le véhicule électrique le plus vendu en Europe avec 14 773 unités écoulées en janvier et février 2025. Mais ce chiffre masque une réalité bien plus sombre : une chute vertigineuse de 53,1 % des immatriculations par rapport à la même période en 2024.
Cette dégringolade n’est pas un cas isolé dans la gamme du constructeur américain. La Model 3, autrefois fer de lance de la marque, s’enfonce à la sixième position du classement avec seulement 10 071 exemplaires vendus, accusant un recul de 26 % par rapport à l’année précédente.
Au global, Tesla a vu ses ventes s’effondrer de 44 % sur le seul mois de février en Europe. Une situation critique qui s’inscrit dans un contexte plus large de difficultés pour la marque d’Elon Musk, confrontée à une concurrence de plus en plus féroce et à un certain essoufflement de son offre produit, malgré les récentes mises à jour.
Pendant que Tesla plonge, Volkswagen réalise une performance exceptionnelle qui surprend même les analystes les plus optimistes. Le constructeur allemand, pourtant englué dans une profonde crise structurelle l’ayant conduit à annoncer la suppression de plus de 35 000 emplois, connaît un rebond spectaculaire sur le segment électrique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
Cette performance globale de Volkswagen, avec une augmentation de 182 % de ses immatriculations électriques, lui permet de ravir à Tesla le titre convoité de premier constructeur électrique en Europe. Un bouleversement qui traduit la capacité du groupe allemand à rebondir après une année 2024 particulièrement difficile sur ce segment.
Le duel Tesla-Volkswagen n’est qu’une partie de l’histoire. Le marché européen voit l’émergence de nouveaux modèles qui s’installent rapidement dans le top 10 des ventes électriques.
Le Kia EV3, SUV compact coréen lancé récemment, s’impose déjà avec 11 271 exemplaires écoulés sur les deux premiers mois de l’année. Son rapport qualité-prix et son design moderne en font une alternative crédible aux modèles établis.
Plus spectaculaire encore, la Renault 5 E-Tech fait une entrée remarquée en huitième position avec 9 012 unités vendues. Élue “voiture de l’année 2025”, cette citadine au design néo-rétro séduit par son positionnement et son accessibilité relative dans l’univers électrique.
La Citroën ë-C3 complète ce trio de nouveaux entrants prometteurs avec 8 142 ventes, confirmant l’appétit du marché pour des modèles électriques abordables et pratiques.
| Modèle | Immatriculations (jan-fév 2025) | Évolution vs 2024 |
|---|---|---|
| Tesla Model Y | 14 773 | -53,1 % |
| Volkswagen ID.4 | 13 812 | +172 % |
| Volkswagen ID.7 | 11 303 | +821 % |
| Kia EV3 | 11 271 | Nouveau |
| Volkswagen ID.3 | 10 837 | +141 % |
| Tesla Model 3 | 10 071 | -26 % |
| Skoda Enyaq iV | 10 071 | N/C |
| Renault 5 E-Tech | 9 812 | Nouveau |
| BMW iX1 | 8 146 | N/C |
| Citroën ë-C3 | 8 142 | Nouveau |
Comment expliquer ce renversement spectaculaire en faveur de Volkswagen et au détriment de Tesla? Plusieurs facteurs entrent en jeu.
D’abord, l’effet de nouveauté s’est estompé pour Tesla. Ses modèles, malgré des mises à jour régulières, n’ont pas connu de renouvellement majeur depuis plusieurs années. La Model Y, lancée en 2020, commence à vieillir face à une concurrence qui se renouvelle continuellement.
Volkswagen, de son côté, a tiré les leçons de ses difficultés passées. Le groupe a procédé à des ajustements tarifaires stratégiques, notamment sur l’ID.3 dont le prix d’entrée a été significativement revu à la baisse pour la positionner face aux modèles chinois.
L’amélioration constante des produits est un autre facteur clé. Les ID.4 et ID.7 ont bénéficié d’évolutions notables en termes d’autonomie et d’interface utilisateur, points qui avaient été critiqués sur les premières générations.
Enfin, le maillage commercial de Volkswagen en Europe reste un atout considérable face à Tesla, dont le réseau de vente et d’entretien demeure plus limité.
Si le marché automobile général traverse une période difficile, le segment électrique montre des signes encourageants en Europe. Les ventes de voitures électriques ont progressé de 26 % en février 2025, et même de 30,6 % sur les deux premiers mois de l’année.
Cette dynamique positive s’explique par l’arrivée massive de modèles plus abordables, qui permettent enfin d’élargir la clientèle au-delà des early adopters fortunés. La barre psychologique des 30 000 euros est désormais franchie par plusieurs modèles attractifs.
La pression des constructeurs chinois joue également un rôle moteur. MG et BYD enregistrent des progressions importantes en Europe, forçant les acteurs traditionnels à accélérer leur transition et à proposer des produits plus compétitifs.
Les politiques publiques maintiennent par ailleurs un cadre globalement favorable à l’électrification, malgré quelques reculs dans certains pays. L’objectif de fin des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035 dans l’Union européenne reste un horizon structurant pour l’industrie.
La bataille pour la domination du marché électrique européen ne fait que commencer. Tesla, malgré sa dégringolade actuelle, garde des atouts significatifs. Son réseau de Superchargeurs, référence absolue en matière de recharge rapide, reste un avantage compétitif majeur. La marque prépare également des évolutions importantes, notamment sur la Model Y qui devrait bénéficier d’un restylage substantiel.
Volkswagen, fort de son succès actuel, va devoir confirmer sur la durée. Le groupe dispose d’un arsenal complet avec l’arrivée prochaine de l’ID.2, modèle compact visant un prix d’entrée autour de 25 000 euros qui pourrait encore accélérer sa conquête du marché électrique.
Les constructeurs français, dynamisés par les succès initiaux de la Renault 5 E-Tech et de la Citroën ë-C3, vont déployer d’autres modèles stratégiques comme la future Renault 4 E-Tech et la Peugeot e-3008, visant à capitaliser sur cette dynamique.
Le paysage automobile européen est en pleine reconfiguration. Après des années de domination quasi-monopolistique de Tesla, nous assistons à l’émergence d’un marché électrique plus mature et plus concurrentiel. Cette nouvelle donne profite aux consommateurs qui bénéficient d’un choix plus large, de prix plus compétitifs et d’innovations accélérées par cette compétition féroce entre constructeurs.
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