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Xiaomi vend plus de voitures électriques que ces grands constructeurs américains

François Zhang-Ming

Xiaomi, géant chinois des smartphones, s’est lancé très récemment dans l’aventure des véhicules électriques et affiche déjà des résultats spectaculaires. Une révolution silencieuse est en marche, transformant radicalement le paysage automobile mondial, notamment en Chine où les constructeurs américains peinent à suivre le rythme effréné de l’électrification.

Le phénomène Xiaomi SU7 : un succès fulgurant

C’est en mars 2024 que Xiaomi a dévoilé sa première voiture électrique, la série SU7. En seulement neuf mois, le constructeur a réussi l’impensable : vendre plus de véhicules électriques que des géants historiques comme Ford ou General Motors. Avec 136 854 exemplaires écoulés en 2024, Xiaomi dépasse largement les 97 000 voitures électriques vendues par Ford et les 114 400 unités de GM à l’échelle mondiale.

Ce résultat est d’autant plus impressionnant que la SU7 n’est commercialisée qu’en Chine. Mais ce marché représente à lui seul l’équivalent des marchés européen et américain combinés, offrant un terrain de jeu suffisamment vaste pour atteindre des volumes conséquents sans nécessiter d’exportations.

La Xiaomi SU7 séduit par sa proposition de valeur imbattable. Face aux modèles équivalents de Tesla, elle affiche des performances supérieures pour un prix inférieur, ce qui explique en grande partie son succès commercial fulgurant.

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Tesla et les constructeurs américains en difficulté

L’essor des marques chinoises comme Xiaomi a des répercussions directes sur les ventes des constructeurs américains en Chine. Tesla, qui dominait autrefois le segment premium des véhicules électriques dans le pays, voit ses ventes s’effondrer.

Après cinq mois consécutifs de baisse, les livraisons de Tesla en Chine ont chuté à seulement 30 688 véhicules en février, atteignant leur niveau le plus bas depuis juillet 2022. Cette dégringolade illustre la férocité de la concurrence locale et la capacité des constructeurs chinois à proposer des produits plus attractifs.

Ford n’échappe pas à cette tendance. Sans gamme électrique compétitive, ses ventes en Chine ont diminué durant sept des huit dernières années pour lesquelles des données sont disponibles. La situation est si préoccupante que l’analyste John Murphy de Bank of America Securities suggère même aux “Big Three” de Detroit de “quitter la Chine dès que possible” pour limiter leurs pertes.

L’écosystème électrique chinois

Le succès de Xiaomi révèle une tendance de fond du marché chinois : l’entrée en force des entreprises technologiques dans le secteur automobile. Connue pour ses smartphones et son électronique grand public, Xiaomi a su capitaliser sur son expertise technologique et sa connaissance des consommateurs chinois pour créer une voiture électrique parfaitement adaptée à leurs attentes.

Ce phénomène s’inscrit dans une stratégie d’intégration verticale où les constructeurs chinois maîtrisent l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production des batteries jusqu’au développement des systèmes d’exploitation embarqués. Cette approche leur permet d’optimiser les coûts et d’innover plus rapidement que leurs concurrents occidentaux.

  • Maîtrise complète de la technologie des batteries
  • Intégration poussée entre matériel et logiciel
  • Écosystème de services connectés
  • Cycles de développement accélérés
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Les spécificités techniques qui font la différence

La Xiaomi SU7 ne se contente pas d’être abordable, elle propose des caractéristiques techniques impressionnantes qui séduisent les acheteurs chinois exigeants.

ModèleAutonomieAccélération 0-100 km/hPrix de base en Chine
Xiaomi SU7600 km3,9 secondes215 900 yuans (~28 000 €)
Xiaomi SU7 Pro800 km2,8 secondes299 900 yuans (~39 000 €)
Xiaomi SU7 Max830 km2,4 secondes329 900 yuans (~43 000 €)

Ces performances rivalisent directement avec celles de la Tesla Model 3, mais à un tarif plus compétitif. La version haut de gamme SU7 Max est même capable de tenir tête à des modèles bien plus onéreux comme la Porsche Taycan, avec une accélération fulgurante et une autonomie généreuse.

Xiaomi a également misé sur la recharge rapide, avec une technologie permettant de récupérer 220 km d’autonomie en seulement 5 minutes de charge sur les bornes compatibles. Une fonctionnalité qui répond parfaitement aux préoccupations des utilisateurs concernant le temps de recharge.

Pourquoi les marques américaines perdent du terrain en Chine

La déroute des constructeurs américains en Chine s’explique par plusieurs facteurs, au-delà de la simple compétitivité des modèles locaux.

Premièrement, les constructeurs chinois bénéficient d’un accès privilégié aux matières premières stratégiques nécessaires à la fabrication des batteries (lithium, cobalt, nickel). Cet avantage leur permet de mieux contrôler leurs coûts de production face aux fluctuations du marché.

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Deuxièmement, le marché chinois évolue à une vitesse vertigineuse, avec des cycles de renouvellement des produits bien plus courts qu’en Occident. Là où Ford ou GM mettent 4 à 5 ans pour développer un nouveau modèle, les constructeurs chinois peuvent lancer un véhicule en 18 à 24 mois seulement.

Enfin, les tensions géopolitiques entre la Chine et les États-Unis ont créé un environnement commercial défavorable aux marques américaines. Des droits de douane élevés et des contraintes réglementaires complexes rendent la compétition encore plus difficile.

L’expansion internationale, prochain défi pour Xiaomi

Fort de son succès en Chine, Xiaomi prépare désormais son expansion internationale. L’Europe apparaît comme une cible privilégiée, avec un marché réceptif aux véhicules électriques et une réglementation favorable à leur adoption.

Contrairement à d’autres constructeurs chinois qui se heurtent à des barrières douanières, Xiaomi pourrait tirer parti de son implantation préexistante sur le marché européen des smartphones pour faciliter son entrée sur le segment automobile. La marque dispose déjà d’une notoriété et d’un réseau de distribution qu’elle pourrait mobiliser pour ses voitures.

  • Implantation potentielle d’usines d’assemblage en Europe
  • Adaptation des modèles aux normes européennes de sécurité
  • Développement d’un réseau de service après-vente
  • Partenariats avec des opérateurs de bornes de recharge

Si Xiaomi réussit son pari international, cela pourrait accentuer encore la pression sur les constructeurs américains, déjà fragilisés par leur recul en Chine.

Cette nouvelle donne illustre la transformation profonde du secteur automobile mondial. Le centre de gravité de l’innovation se déplace vers l’Asie, et particulièrement vers la Chine. Pour Ford, GM et même Tesla, l’enjeu est désormais de réagir rapidement face à cette concurrence redoutable, sous peine de voir leur influence continuer à s’éroder sur le marché mondial de la mobilité électrique.

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